2008 : filiation Claude au grand complet : Jonathan, Hervé, Thomas, Erwan, Claude... et Jacques |
Je ne peux m'empêcher de comparer cette période de ma vie au cours du Rhône en Suisse. Il prend sa source dans les montagnes tumultueuses des Alpes, qui pourraient être la période 1939, puis se calme dans la vallée, mais courant toujours de manière torrentueuse, période Vincennes ; en se calmant, il devient plus rectiligne mais peu profond, période Paris. Enfin, il entre dans le lac Léman, où son cours est à peine visible, il prend de la largeur, de la profondeur, s'apaise : eh bien, notre vie m'apparait ainsi aujourd'hui, période Chatenay. Nous voici installés tous les 3 à Chatenay, au 4ème étage, face au bois de Verrières, dans un 3 pièces plaisant et fonctionnel. Une nouvelle ère commence.
En 1993-1994, nous changeons d'appartement pour venir avenue Jean Jaurès, toujours à Chatenay dans une région plus passagère, toute aussi agréable, entourée des arbres du Parc Chateaubriand et de la vallée aux loups. Nous descendons de 3 étages pour ménager nos jambes qui fléchissent. Chatenay, à 10 kilomètres de Paris, a su garder son caractère arboré, malgré la traversée de grands axes routiers : A86 et N186.
La Vie
A 3, la vie matérielle.
Nous avions décidé que Nicolle arrêterait de travailler après sa maladie. Peut-être n'était-elle pas satisfaite, en tous cas, elle ne m'a rien dit. Aussi, nos conditions monétaires ont été moyennes. Un professeur à 40 ans, quoi qu'on en dise, n'est pas trop mal payé, à condition de ne pas être ambitieux ou intéressé.
La modestie de notre condition ne nous a jamais empêché de dormir. De plus, avec des occupations annexes, école libre à Colombes, centre d'Initiation Sportive, AS Fontenay, éducation physique, clubs de plage, le complément a toujours été apporté. Nous n'avons jamais envisagé de création de patrimoine avant que mes parents ne nous aident franchement pour la construction d'une maison à Saint Martin de Bréhal. Je dois dire que l'aménagement et l'entretien, souvent important, ont toujours été assumés par nous seuls. En conclusion, nous ne pouvons pas nous plaindre d'être malheureux.
Une fois la guérison de Nicolle obtenue, nous n'avons pas eu d'ennuis de santé grave. Des problèmes viendront surement, probablement à cause de notre accoutumance au tabac. On n'arrête pas de nous le dire. Je n'ai ni le désir, ni la volonté de m'arrêter. Une petite tendance aux excès de la fête à été gommée depuis 5 ou 6 ans.
Hervé |
Quand à Hervé, sa santé, probablement endurcie par le sport et par une sobriété raisonnable, par une robustesse naturelle jointe depuis toujours d'un solide tempérament. Sur ce sujet, pas d'inquiétude dans l'immédiat.
Hervé, quand nous étions 3, et maintenant, a toujours été gentil, doux, équilibré, surement réservé et timide, ne nous a posé aucun problème caractériel ; un petit travers orgueilleux et susceptible qu'il doit tenir de moi, serait la seule ombre au tableau. Sinon, en classe, il était bon, voire très bon élève, doté d'une mémoire peu commune, d'un rationaliste presque excessif, ses études de médecine ont été couronnées d'une réussite rapide. Bravo !
Jocelyne |
Il a connu 2 amours. Jocelyne, d'abord, une jeune et jolie médecin comme lui. Ils ont eu notre premier petit-fils, Jonathan en 1985. Malheureusement, le couple s'est détruit assez vite. Jonathan a du recevoir de ses parents le don des études car c'est celui qui, à ce moment du récit, réussit le mieux de la famille : classes préparatoires, ingénieur des Pont et Chaussées, master 2 à Columbia à New-York, sa situation matérielle est assurée. C'est un grand jeune homme fin, au caractère très agréable, discret, plein d'attentions, ambitieux je le pense, et c'est tant mieux. Il nous a fait passer le cap de grands-parents. Bien sûr, nous l'adorons.
Une nouvelle liaison avec la mignonne et gentille Patricia s'est conclue par un mariage. 2 nouveaux garçons viendront enjoliver notre famille : l'anxieux, nerveux, affectueux et doux Erwan en 1995 et le sérieux, solide et réfléchi Thomas en 1998. Nous les chérissons tous les 2. Leur histoire scolaire est en route.
Si mon père voyait la fratrie à 3 Guinegagne, il serait ravi pour la sauvegarde du nom. C'est un "signe" à papa.
La famille proche.
Papa |
maman |
Mes parents sont décédés ; papa en 1992 et maman en 1994, mais tous les 2 d'un cancer, mais à un âge raisonnable et sans trop souffrir. Cette maladie avait eu aussi raison de ma grand-mère paternelle.
Pauline et Robert |
Pauline, la sœur de mon père, et son mari Robert sont décédés du même mal. Georges, le frère de ma mère et Suzanne, sa femme, sont morts eux aussi, de problèmes cardiaques.
Enfin, Simone, sœur de ma mère est décédée il y a longtemps, alors que son mari Milo est mort en 2010 à un âge respectable de plus de 90 ans. En conséquence de quoi, toute la génération précédente a disparu. A qui le tour?
La grand-mère de Nicolle, tous ses oncles et tantes sont aussi "passés à la trappe", passons maintenant aux choses plus gaies.
Francoise |
Jacques Thorin |
Françoise, ma sœur, s'est mariée avec Jacques Thorin et vit, comme elle le désirait, en Périgord, dans un beau logis campagnard.
Ginette |
Jacques |
Jacques et Ginette, mon frère et ma belle-sœur, passent leur retraite à Créteil dans un grand appartement clair, agréable, cossu. Ginette, malheureusement souffre depuis longtemps de troubles articulaires qui se sont majorés depuis 2 ans à un point qu'elle ne peut quasiment plus bouger ; je la plains.
Annie et Jean-Paul |
Annie, ma nièce, une fille solide et responsable, s'est mariée à Jean-Paul, un gentil garçon avec un gros cœur gâté parfois par un caractère nerveux et excessif. Il a très bon fond, je crois. Ils ont eu 2 enfants : leur ainé Sébastien, garçon doux et attentionné marié à Marie-Claire : ils forment un couple simple, gentil ; et leur cadette, la pétulante Sandrine.
Pierrot Boubet |
Enfin, dans la famille, il y a les Boubet. Marie-Lou, sœur de Nicolle, a eu 2 enfants avec Pierrot Boubet, un copain, ami du XIXe arrondissement :
Marie-Christine |
Marie-Christine, née en 1960, très gentille femme, sensible, intelligente, plombée par des études perturbées et peut-être par sa trop grande sincérité dans les idées, à mon avis. De son éphémère liaison avec Pascal Adam est née Juliette, une petite fille au caractère difficile qui est maintenant devenue une femme responsable, solide, sûre.
Juliette, enfant |
Richard et Noah |
Richard, né en 1967, doux calme, sensible a épousé une femme agréable, sérieuse, responsable, Noa ; ils ont eu 2 filles : Léa en 1997 et Naomi en 1999, aux caractères diamétralement opposés : Léa la sérieuse, sincère et Naomi l'originale, l'artiste.
Malheureusement, mon beau-frère Pierrot, qui a été un ami avant de rejoindre la famille et que je considérais comme tel, nous a quitté début 2012, foudroyé en un an. C'est brutal, douloureux, inattendu et dur.
Les amis
Bien entendu, en changeant de lieu de résidence, j'ai perdu mes amis de Paris.
Par contre, Jean Petit, de Vincennes m'a retrouvé par internet, nous nous voyons quelquefois et nous téléphonons souvent.
De même, James Thibault m'a recontacté par téléphone et les 2 couples ont renoués des relations amicales et suivies. Les conversations de James n'ont pas beaucoup changé, mais il est toujours amical et, avec Marie-Thérèse sa femme, nous nous fréquentons à nouveau.
J'ai tissé des liens avec d'autres amis, au départ surtout des collègues professeurs d'EPS du secteur sud Paris.
Nicole et René |
A commencer par René Thévenart et son épouse Nicole. Que n'avons-nous pas réalisé ensemble ! Travail au CISS, Club de plage à Pirou ; et les loisirs : nos dadas communs sont nombreux, le ski pour dévaler les pentes d'une dizaine de stations, le vélo pour les visites ardues de la France, les sorties "musée" à Paris, les fêtes, les échanges d'idées. Que de souvenirs. Je suis même le parrain de leur fils Jean-Renault. Malheureusement, René, à notre grande tristesse nous a quittés prématurément. Quel gars délicieux.
Raoul |
Claire |
Puis il y a Raoul et Claire Dupont avec les mêmes dénominateurs que le couple Thévenart, un couple plus fermé, mais très chaleureux. On ne compte plus les pistes de ski de toutes les couleurs ni les côtes qui me faisaient mal aux jambes. Que n'avons nous parcouru !
Jean Touron |
Jean Touron, un caractère difficile, mais un rigolo sans borne, et un bon cœur de titi par excellence. Il est décédé lui aussi. A la fin, nous étions un peu brouillés, mais il a compté.
Nous avons connu moins d'intimité avec ceux que je vais citer maintenant : les Bérille, les Godet s'ajoutent à cette énumération.
Les Suet, Jean et Théophile, cousins de Nicolle, seraient plus à classer dans cette liste que dans la famille car je les considère comme des amis.
Nos voisins de Saint Martin de Bréhal, les Rio et les Marc adhèrent à cette catégorie. Leurs 2 femmes sont mortes, restent leurs compagnons, André Rio et Gérard Moulin.
Marius et Marie-Jo |
Je ne voudrais pas oublier dans ce chapitre Marius Chavagnac, ami d'Hervé de Chatenay et son ex-compagne Marie-Jo Robin. Marius, un bricoleur de première qui, par amitié, par gentillesse accourt nous dépanner au moindre appel de Nicolle, d'une manière chaleureuse et affectueuse.
Au collège, 2 amis ressortent : Roland Brousse, professeur d'EPS, sensible, solide, intelligent et Maurice Frugier, pragmatique, ancien instituteur devenu un excellent professeur, très chaleureux avec qui nous partageons pas mal de vécu.
Enfin, mes compagnons de l'ASF, les Sellier, les Dubuc, monsieur Vuillaume et Roger Cheroute.
Merci à tous ces amis pour les heures heureuses passées et à venir.
Vie professionnelle scolaire et extra-scolaire
Le collège des Ormeaux, d'abord : en continuité, je finis ma carrière où je l'ai commencée, dans ce collège des Ormeaux à Fontenay-Aux-Roses. Quel casanier !
A la fin des années 1960, notre corps de la Ville de Paris est assimilé à l'état et je deviens "certifié". Peu de changement : mêmes élèves, même salaire, mêmes horaires. Le concours de la Ville étant un peu plus facile au plan intellectuel et physique mais plus difficile en pédagogie. Cette décision était équitable et attendue. Puis nous passons aux classes mixtes, c'est moins dynamique mais plus tranquille. S'ajoutent les conseils de classe, très utiles mais causant quelques palabres parfois superflues. La communication passe nettement mieux : c'est un progrès avec ses petits inconvénients.
Pour reprendre la comparaison précédente, je fais comme le Rhône en Suisse dans le lac Léman : je prends de l'assurance, je me calme, je progresse sur le plan technique par plus de recherche. Je crois que vers l'âge de 35 ans j'acquiers ma plénitude pour la garder 15 à 20 ans. Il me semble que, sans prétention, j'ai été apprécié des élèves, pas forcément de tous, bien évidemment.
Après la routine, l'âge fait fléchir les capacités physiques et j'ai perdu de mon rendement. J'étais content de prendre ma retraite en même temps que Maurice Frugier, compagnon de toujours.
Le Centre D'Initiation sportive : je le crée avec l'aide de René Vanderstichele et la commune de Fontenay-Aux-Roses. Il fonctionnera à partir de 1966 avec mes copains René Thévenart, Raoul Dupont et bien d'autres encore, réunissant chaque jeudi puis chaque mercredi entre 100 et 200 enfants. J'en suis encore le trésorier.
L'A.S.Fontenay - Athlétisme que je crée dans la foulée du CISS. Ayant constaté mes carences au delà des minimes ou des cadets, et pour donner un bon niveau au club, je demande à Robert Barré puis à Alain Jousselin, qui seront des amis, d'entrainer les plus vieux et les meilleurs. J'aurais peut-être pu travailler pour me perfectionner, mais je n'avais ni le goût ni l'envie de passer mon temps à cette tâche. Pas mal d'athlètes de bon, voire très bon niveau sortiront de nos mains. Le premier fut Thierry Sellier, un des dauphins de Guy Drut. Je ne cite que le 1er, d'autres l'ont accompagné, quelquefois nantis de titres de champion de France FFA, en individuel comme en relai.
Les clubs de plage. À Pirou, mon copain René me demande de l'épauler 3 ans à partir de 1965, ce qui nous rapproche encore. Puis, à compter de 1969, Jean Touron me propose l'association à Saint Martin de Bréhal, dans la Manche. Je tiendrai ce club avec Nicolle et Jean puis seul jusqu'à ma retraite. En fin de carrière, j'ai pris des adjoints puis me suis petit à petit libéré avec l'aide d'Hervé, Marie-Christine, Richard, Benoît Fayet et quelques autres. Là, je suis devenu par force un peu plus bricoleur et très érudit de ce coin de plage que je connais par cœur.
Les groupes de ski. Enfin, comme nous étions des dingues de ski, j'ai été adjoint au groupe de Jean Touron avec Raoul à Morzine, La Chapelle d'Abondance, Mégève, Sallbach en Autriche, et enfin à Vallouise, où par la suite, j'ai organisé des classes de neige pour les sixièmes du collège. Avec Raoul, Jean et nos épouses, Nicolle et Claire, nous avons encadré ces groupes de 30 à 80 enfants et adolescents pendant une quinzaine d'années. Que de descentes, cours de ski, étoiles, flèches, soirées avons nous encadré avec l'aide d'Hervé, Olivier Dupont, Patrick Bernardi, Christian Nivert et quelques autres. Ces groupes nous ont amené un acquit incroyable.
Voici la panoplie qui a été déployée par nous au plan professionnel. On ne s'est certes par enrichi financièrement, mais au plan expérience, connaissance du monde et des enfants, on peut dire que nous sommes allés à une sacré université.
Voyons maintenant :
Les loisirs
Du fait que notre âge avance, que notre entourage a souvent des enfants à élever, de notre environnement banlieusard, il est sûr que notre mode de loisir change. J'avoue que j'ai un peu planté ceux-ci par ma mini-passion pour l'athlétisme et l'ASF à partir de 1970. Du printemps à l'automne, nous sommes peu sortis les week-ends car j'encadrais nos athlètes. À ces moments, j'ai laissé Nicolle un peu seule. J'ai de petits regrets. Cependant, nous avons réussi quand même à nous distraire.
Les sorties
Elles ne sont plus les mêmes dans le paysage de banlieue : sorties en forêt, Fontainebleau ou ailleurs. Nous n'allons plus au cinéma et peu aux spectacles. La télévision à pris la place. Vers 50 ans, René Thévenart nous a abonnés au théâtre de la Ville qui nous avait fait sortir sur Paris.
Les invitations et fêtes
Nous nous sommes beaucoup reçus en raison de l'intimité avec nos amis. Nous nous sommes souvent réunis autour de tables garnies donnant beaucoup de travail à Nicolle lorsque nous étions les hôtes. Mal élevé ou par manque de goût, je n'ai jamais été un homme d'intérieur. De plus, du fait de mes activités annexes, club de plage et sportifs, nous avons organisé de nombreuses fêtes agréables d'où Nicolle sortait, souvent épuisée. Les excès existaient mais sans exagération ni débordement. Le tabac et un peu d'alcool n'ont jamais trop pollué nos rencontres. En plus, comme notre génération a souvent peur de la drogue, nous n'avons jamais touché à cette calamité.
Voici donc les activités que nous avons pratiquées à 2 ou 3 (à 3 avec Hervé lorsqu'il s'est joint avec certains succès au club d'athlétisme). Nicolle était très libérale ; elle m'a laissée libre dans mes loisirs personnels.
Le jogging
J'ai commencé cette activité lorsque j'ai perdu mes capacités athlétiques. Il fallait bien s'entretenir ! Mais je ne suis pas doué pour les efforts longs et n'ai jamais dépassé 12 ou 13 kilomètres.
Le vélo
Quittant le jogging, je me suis remis au vélo ; mais, mêmes causes, mêmes effets que pour la course, mon manque de résistance ou d'endurance m'a toujours limité. 100 kilomètres était ma limite extrême. J'ai fait beaucoup de sorties avec René, Raoul et Claire, Maurice Frugier, Daniel Cadiou et d'autres, sur une journée, une semaine, dans des régions plates ou escarpées. Les montées longues ont toujours constitué pour moi une torture doublée d'une appréhension. Et puis, comme tous les sprinters, je n'aime pas beaucoup me faire mal. J'ai cependant de beaux souvenirs de paysages, de belles villes traversées, de repas dans de petits restaurants sur la route, entouré des copains.
Le ski
Ce sport, découvert sur le tard a été presque une passion. Bien sûr, je n’ai pas acquis un niveau de champion, mais mes jambes solides et ma confiance en elles m’ont permis de progresser rapidement. Une légère inconscience a compensé un petit manque de coordination et de souplesse. En séjours de 8 à 15 jours, seul ou avec Hervé, nous avons bourlingué dans beaucoup de stations de France, des plus prestigieuses aux plus modestes, accompagné souvent de mes amis René Thévenart, Raoul et Claire Dupont, Jean Touron, Henri Martinat et bien d’autres. Quel spectacle merveilleux, même si nous avions tendance à avaler les pistes balisées, plutôt qu’à admirer le paysage.
Ce sont là des loisirs physiques, J’y ajouterai :
La lecture
J’ai commencé à lire un peu, puis je me suis inscrit à la bibliothèque et ai vraiment presque dévoré des romans français, étrangers, souvent à thème historiques.
Enfin, j’aimais les jeux jusqu’à l’arrivée de l’informatique. J’aimais les jeux de plateau, les cartes et le bridge, mais je n’ai pas le niveau ni la volonté de jouer en club, et j’y joue maintenant sur ordinateur (un comble, pour qui regrette l’intrusion de l’informatique dans les jeux !).
Voilà en gros, brossé le panorama des principaux loisirs banlieusards et provinciaux qui ont marqué cette période de ma vie.
Évènements extérieurs. Ceux qui m’ont marqué.
D’abord les catastrophes naturelles. C’est imprévisible, imparable. La plus importante est le tsunami d’Indonésie en 2003 : 200 000 morts en une demi-heure. Puis le tremblement de terre suivi du Tsunami au Japon en 2011 : tout ceci est atroce. Les séismes d’Haïti avec ses 10 000 à 15 000 morts, des Andes, d’Italie sont aussi présents dans ma mémoire. Les tempêtes aussi, provoquant des marées noires, moins couteuses en vies humaines, mais quels dégâts pour la mère nature. J’en oublie, c’est sûr. Je commence, quand même, à croire au réchauffement climatique.
Ensuite, l’homme est encore plus souvent responsable de catastrophes comme les guerres, attentats, qui génèrent des destructions. On ne compte plus les victimes des guerres du Viêt-Nam, d’Israël, des pays arabes, d’Afghanistan, d’Irak, des génocides africains, comme le Ruanda. Une honte ! La folie humaine n’a pas de limite ! Les attentats de 2001 au World Trade Center en sont le symbole le plus fou.
Enfin les accidents prévisibles ou imprévisibles viennent compléter la panoplie de ces désastres : Tchernobyl, ruptures de barrages, inondations…
Heureusement cette période a vu des choses positives. On a marché sur la lune en 1969, les vols spatiaux ont fait progresser les connaissances universelles humaines, la médecine a fait reculer l’échéance de la mort et progresser la qualité de vie, les progrès industriels et agricoles ont permis de nourrir une population mondiale passant de 3 à 6,5 milliards d’humains.
Je finis donc cette rétrospective par une note d’optimisme.
Et je vais reprendre le cours de mes anecdotes légères ou sérieuses que l’on pourra associer à ce que je viens de décrire.
40. Mars 1967, « T’as pas vu Hervé », suivi d’un mauvais père.
Sommaire
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Nicolle et moi, nous encadrions les adolescents du groupe Colas de Fontenay-Aux-Roses à Vers l’Eglise, en Suisse. A pâques 1965 ou 1966, madame Colas, institutrice à l'école du Parc à Fontenay-Aux-Roses, viens me voir, gênée, pour m’annoncer qu’elle ne souhaitait plus nous garder. C’était une femme bien, pleine d’idées que je ne partageais pas forcément, son mari, quand à lui, le « père la colle » était un bon type au béret plein de conviction ; des braves gens.
Comme j’avais l’idée de créer mon groupe de ski, je fais contre mauvaise fortune, bon cœur, et décide de me lancer. Au cours d’un voyage en Suisse, avec Nicolle nous trouvons une implantation peu adaptée aux enfants mais propre, correcte. A la rentrée, je lance l’affaire en distribuant des prospectus. Ne sachant pas qu’il ne suffit pas de dire « qui m’aime me suive » pour réussir, le résultat ne se fait pas attendre : 10 inscrits, alors qu’il en aurait fallu 3 fois plus ! c’est la catastrophe. Je suis inquiet. Je me rends compte que je n’ai probablement pas « les épaules » pour partir seul…
J’avais 2 copains qui organisaient une association pour la pratique du ski : Jean Touron, un meneur plein d’initiatives, à l’esprit clair, décisif sauf au moment de travailler à fond et Raoul Dupont, plus fin, matériel, réservé, à l’opposé de Jean. Je vais les trouver et leur demande de nous accepter avec nos 10 clients. D’accord, et me voilà raccroché à ce groupe qui deviendra SERAC 3. Ouf ! Sauvé !
Ce groupe tenait ses assises à Morzine, au Petit Dru, chez Claudius Baud qui, plus tard, deviendra maire de la ville. Nous voyagions par le train et la ronde de l’encadrement : ski, soirées, soins, tout l’éventail de cette tâche, va commencer.
En ce jour, vers noël 1967, Raoul pilote le groupe des débutants et moi le groupe du niveau juste au-dessus. Nous skions la matinée à Avoriaz après avoir subi les affres de la navette et son remue-ménage pour rejoindre le téléphérique dont l’accès se fait via une queue dantesque. La matinée se passe et nous redescendons vers la benne. Mon groupe, plus expérimenté rejoint le groupe de Raoul et là, celui-ci me dit « T’as pas vu Hervé ? »
Falaises d'Avoriaz |
Eh, bien non. Nous décidons de descendre ensemble la petite piste du plateau en le cherchant. Pas d’Hervé. On commence à angoisser, mais sans plus.
Il est l’heure d’arrêter, midi. Nous faisons descendre nos 2 groupes seuls par la benne et cherchons le disparu. Nous remontons sur le plateau. Pas d’Hervé, on emprunte la piste, pas dangereuse, protégée par un grillage car elle surplombe un abime impressionnant donnant sur la vallée des ardoisières. Notre imagination aidant, on s’arrête à tous les défauts de clôture redoutant le pire.
Puis, à 13.00, arrivés à la benne, on se dit que le car doit être arrivé au Petit Dru. Le cœur battant à tout rompre, j’appelle le chalet et demande Jean – pas Nicolle, surtout pas, bien sûr ! – Avec sa gouaille habituelle, il me répond « Alors, qu’est-ce que vous foutez, tous les 2 ? - as-tu récupéré Hervé ? – Evidemment, d’ailleurs, si je ne l’avais pas vu, il repartait à pied en trainant ses skis sur la route ! à Morzine, il n’aurait plus eu que des patins à glace ! » Il me passe Nicolle, qui me réprimande. Mais quel soulagement pour Raoul et moi !
Du coup, soulagés, nous remontons au téléski de la « tête aux bœufs » pour savourer avec délices la piste de la Vaineuve. Arrivés au Petit Dru, repas, reproches mérités de Jean qui a assumé tout l’embarquement et la suite, il n’est pas très courageux, cela a dû lui paraitre une tache ardue. Nous reprenons le cours de la journée.
Mais voilà un fait inoubliable.
La 404, réplique de la 5156 PB 75 |
Au cours d’un autre séjour, probablement pâques, nous revoilà à Morzine. Nous prenons toujours le train. Nicolle, récemment lauréate du permis de conduire, vient en voiture, notre nouvelle et robuste 404 verte qui nous durera une éternité. Elle voyage avec Hervé, Odette, la femme de Jean. Jean et Odette n’ont pas d’enfants, mais sont les maîtres de 2, affreux teckels « gueulards », Olaf et Maya. Difficile de voyager en train avec des mini-fauves de cet acabit !
La liaison France-Suisse à ski, autrement dit Avoriaz-Champéry est normalement mise en service par le col de la Chavanette. Claudius Baud, le propriétaire-moniteur ESF du Petit-Dru organise une journée ski avec son groupe et le notre. Une véritable expédition militaire prend corps pour faire passer une journée Franco-suisse aux 150 participants. Tout est réglé comme du papier à musique : groupes, ordres, passages, forfaits, etc. Nicole assure la logistique en amenant en voiture les repas en Suisse.
Mais un petit bémol intervient. Nous avions laissé les débutants au chalet à Morzine. Hervé a un peu de mal à ski ; il est à la limite de ses possibilités, mais ça peut passer, ça DOIT passer ! Manque de chance, il tombe d’un remonte-pente à Chavanette 3 fois de suite. Il faut dire qu’à l’époque, les téléskis avaient tendance à ‘tirer’ fort et même lever du sol les ‘poids légers’. Il est avec Jean, dont le groupe est au sommet de la piste, les autres me disent qu’Hervé n’arrive pas à monter. Vexé dans mon orgueil malsain qu’il n’ait pu suivre, je descends la piste, libérant Jean de la garde d’enfant, secoue durement et bêtement mon fils. Ce jour-là, je me comporte comme un très MAUVAIS PÈRE, je m’en veux encore. Je le ramène au sommet de la benne, et, avant de le quitter ; il me sourit, je lui renvoie son sourire ajoutant encore un peu plus à mon remord.
Les jeunes ont trop chaud, et, après le repas, quittent leurs anoraks. Beaucoup laissent à Nicolle le soin de les ramener en voiture. Voilà le Hic ! Ils avaient acheté moult tablettes de chocolat et les avaient laissées dans leurs poches. Nicolle arrive à la frontière Hélvéto-française. Les douaniers français fouillent la voiture et décident de lui infliger une amende car, bien sûr, elle dépasse les normes de passage. Palabres, incompréhension, bêtise des douaniers : ils la retiennent au poste frontière jusqu’à ce qu’elle ait payé les taxes…. Argent, qu’elle n’a pas, bien sûr. Elle nous prévient, et Max, le cuisinier du Petit Dru est obligé de lui amener l’argent pour acquitter l’amende. Suite de quoi, elle peut repartir.
Il y a des moments où on se dit que certains services nationaux sont parfois exercés par des crétins inhumains et sans imagination.
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Avoriaz, vu d'Arare |
Nous sommes encore à Morzine avec le groupe. Pour éviter les accidents dus à la fatigue du « troisième jour », nous laissons les jeunes au repos. Claire, Raoul et moi, beaucoup plus fanas de ski que Jean, profitons du petit congé pour skier dans cette belle station d’Avoriaz. Nous avons progressé, les Dupont sont en train de devenir des perfectionnistes, fins, appliqués et élégants skieurs qu’ils seront toujours.
Quand à moi, plus fou, plus efficace, confiant dans mes jambes, je rattrape la plupart du temps des situations délicates. Mais, frimeur comme on l’est toujours un peu en ski, je suis content de mon rendement.
Nous nous attaquons à des pistes noires, les plus difficiles, avec des mûrs longs et pentus. Ce matin-là, nous montons à Arare pour prendre la mythique Combe du Machon ou l’arête des Intrets et nous commençons à dévaler une de ces pistes après une longue traversée.
C’est parti, les Dupont sont devant et moi à une cinquantaine de mètres au-dessus. Je loupe un virage, chute, et commence à glisser sur le dos, accélérant sérieusement dans la pente. Raoul me voit. Il tente de me stopper en me ralentissant en dérapage. Ce n’est pas la bonne méthode : je le renverse et nous glissons tous 2 enchevêtrés environ 30 secondes, dévalant ainsi la presque totalité du mûr, au moins 200 mètres. Enfin, miracle, un replat nous stoppe. On se démêle, se relève, compte nos abattis ; Claire, restée au dessus, vient aux nouvelles et est contente de nous retrouver entiers.
Comme disait Friedrich Nietzche « ce qui ne me tue pas me rend plus fort ». Ici c’est certain, nous étions plus forts, VRAIMENT PLUS FORTS !
42. Mai 1968.
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En mai de cette année, ça bouge pas mal à l’université de Nanterre depuis le 22 mars. Cette agitation gagne petit à petit les étudiants à Paris. Une drôle d’atmosphère règne dans nos petites écoles. Beaucoup de collègues et de copains anti-Gaullistes commencent à frétiller. Moi, je regarde cela d’un peu haut sans sentir qu’une philosophie nouvelle est en train de naître. Il faut dire que l’ordre pour l’ordre est une hérésie, mais le désordre pour le désordre aussi. Et puis, je ne suis pas très sensible à la politique.
A mi-mai, les professeurs d’EPS sont requis pour faire passer les examens…. d'EPS : BEPC, certificat d’études qui existe encore. Nous sommes réunis sur les stades.
Paris bouge énormément, une nuit à la fenêtre du 7 avenue Paul de Rutté, à Chatenay-Malabry, je crois entendre les détonations venant du sud de Paris, à une dizaine de kilomètres. Impressionnant !
Toujours est-il que la faiblesse Gaulliste de la période facilite le fait que le mouvement gagne le monde du travail et la grève générale est décrétée. Nous suivons le mouvement, moi réticent au début, puis contaminé. Des réunions s’organisent : on y parle de refaire tout, du travail comme de la société. J’y vais sans grande conviction, comme René et Raoul ; Jean, est, quand à lui plus convaincu. Des copains discrets auparavant se révèlent des meneurs et m’étonnent. Ils restent cependant sympathiques.
Les idées fourmillent dans tous les sens, les bons et les mauvais.
Nous, plus d’essence, plus d’argent, on règle par chèques acceptés par les commerçants qui font une forme de crédit.
Un jour, Pierrot Boubet vient et m’emmène voir une occupation d’entreprise, peut-être à Orly. Je trouve ce comité comme un poste de garde militaire, des gens tapant le carton et se prenant, à mon sens, trop au sérieux.
élections, piège à cons ! |
Dans tout cela, il trier le bon grain de l’ivraie ; il y a du bon : fin de la discipline imbécile des incompétents, réflexion sur l’intérêt réel des choses, une hiérarchie exagérée bousculée ; mais il y a le mauvais : destructions gratuites, fourmillement excessif de certaines idées nihilistes, émergence de nouveaux cadres qui ne le méritaient pas.
Enfin, la grève s’arrête avant les vacances ; on peut rouler, acheter, on est augmentés, mais l’inflation balaie très vite cet avantage. La vie reprend son cours à la mi-juin.
De tout ceci, on peut déduire que la vie provinciale de banlieue est très différente de la vie parisienne et les troubles grégaires s’atténuent nettement.
Voilà comment j’ai ressenti ces évènements troublés qui ne nous ont pas toujours facilité la tâche dans notre travail après mai 68.
Mon copain, Jean Touron était venu me voir : « Ecoute, le club de Saint Martin De Bréhal est en train de tomber, plutôt que de reprendre Pirou, viens à Saint Martin, on s’associe ». Je réfléchis puis réponds : « d’accord ». Il ajoute « je vais acheter un bateau, nous lancerons une activité ski nautique ». C’est alléchant pour moi : pas de rachat du club de Pirou, nouveaux horizons, le pari de relancer le club, sans compter l’intérêt financier.
Jean achète ce bateau : un petit hors-bord d’occasion poussé par un moteur de 33 chevaux, juste suffisant pour tirer 1 ou 2 skieurs en bi. Il faut passer le permis mer, celui-ci permettant de s’éloigner au maximum de 5 milles des cotes. Nous nous présentons donc à cette épreuve au Pont de Courbevoie en cette fin d’hiver 1968-1969. Il fait froid, la Seine n’est pas loin d’être en crue. Jean avait été malade à la suite du séjour de ski de noël, ayant été victime d’une congestion pulmonaire survenue en protégeant avec son anorak un de nos adolescents blessé. Il est convalescent, encore pantelant.
On commence par se réchauffer avec un café et un pousse-café, puis on passe à la conduite et au code. Je rate un peu mon appontage, au courroux de l’inspecteur, un pisse-vinaigre figé dans la cire, mais je réussis sans problème le code, ABC de la signalisation, des phares et des feux ; comme à l’armée, tout ce qui est théorique me sourit ; et, tous 2, obtenons notre sésame. On prend l’apéro et on arrive vers 4 heures à l’Hay-Les-Roses, au domicile des Touron, où Odette, sa femme, nous attend de mauvaise humeur. On déjeune, on boit trop, et vers 8 heures, Jean me ramène à Chatenay. Je suis malade dans la voiture. On remange, on reboit. Je tiens une sacrée cuite et serai malade toute la nuit. C’est la plus grosse incartade alcoolique de ma vie. Fort heureusement, je suis malade, ne supporte et ne supporterai jamais ces écarts.
Au printemps, nous avions appris la pratique du ski nautique, sport tout nouveau pour nous. C’est très facile ; à partir du moment où, à l’aide d’un gilet de sauvetage, j’ai dompté mon appréhension dans l’eau ; c’est une formalité. Et, à Meulan, dans un bras de Seine, après une dizaine de sorties, nous sommes prêts.
Arrive l’été, après installation et démarrage du club, on met en route cette activité ski nautique. Notre permis mer en en poche n’a pas fait de nous des marins, nous allions rapidement l’apprendre. Un bateau n’a pas de freins, la surface sur laquelle il navigue est mouvante, non plane, le vent et les courants faussent sa conduite. Quelques malheureuses expériences vont nous enseigner avec douleur cette profession d’apprentis marins.
Nous avions fait le pari avec des amis qui doutaient de notre réussite de tirer au moins 100 clients dans notre saison. Nous avons échoué de peu. Les gens qui avaient misé sur notre échec ne l’ont jamais su.
Nos classes de marins ont été balisées de beaucoup d’épreuves. Une traversée vers Chausey où nous avions oublié d’amarrer assez long le bateau et qui, à cause de la marée descendante s’est retrouvé à moitié suspendu. Au retour, nous avons eu droit au survol de l’hélicoptère à cause d’un coup de vent. J’en ai oublié pas mal, mais pas ce petit naufrage mémorable :
A 18 heures, heure de fermeture du club, Patrick Veillon, un fou et jeune client me propose un tour de ski. Je regarde la mer, elle est limite, mais je crois que c’est possible et on sort. Le tour de ski de un quart d’heure s’effectue sans encombre. Mais la mer forcit. Je repêche mon skieur et me dirige dare-dare vers la plage. Près du bord, 1, 2, 3 déferlantes d’un mètre au maximum remplissent le bateau insubmersible mais pesant alors dans les 3 tonnes et, pendant une heure environs, 10 à 15 personnes retiennent avec difficultés le bateau au bout d’une corde ; il est impossible de le sortir de l’eau. C’est le spectacle sur la plage de Coudeville ; Nicolle et les copains qui doivent aller au cinéma s’arrêtent et assistent à un spectacle pitoyable. Tous les conseils saugrenus fusent : démonter le moteur, renverser le bateau… j’en passe.
André Lebourgeois, un ami de Jean et ancien marin, dit à Nicolle « Tu devrais apprendre la prière des marins morts en mer ». Il a quand même pitié de nous et nous explique qu’il faut laisser flotter le bateau, tourner l’avant vers le large, écoper très vite et le sortir rapidement. Aussitôt dit, aussitôt fait, le bateau sort de l’eau en 3 minutes !. Comme quoi l’ignorance est très mauvaise conseillère.
Nous aurons encore d’autres ennuis qui nous amélioreront. Mais ces avatars nous ont rendus très modestes face à la mer. A la fin, nous nous sommes même permis de donner, à notre tour, des conseils à d’autres victimes de l’ignorance.
Nous avons continué 1 ou 2 ans l'épuisante activité de ski nautique, pour ensuite l'abandonner complètement. Le bateau est resté au garage de Jean, avant d'être revendu.
A partir de cette période, je ne piloterai plus jamais un bateau, ni ne pratiquerai de ski nautique, sans regret.
Nous étions partis avec Jean Touron pour une association de longue durée à Saint Martin de Bréhal. Elle ne sera pas sans heurts à cause de nos caractères diamétralement opposés, mais elle tiendra. Nous louions 2 mois dans le village. Mon père me propose d’acheter un terrain et de construire. Dans un premier temps, je commence à rembourser par trimestre. Très vite, je comprends que mes parents souhaitent transformer l’opération en donation partage et, bien sûr, j’arrête de payer. Françoise et Jacques auront leur part d’une autre manière.
Cette opération me fait penser à une partie de cartes où certains joueurs regardent dans le jeu de l’autre avant d’inspecter le leur. Enfin, passons.
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La maison est finie à l’été 1973. Mes parents y viendront d’avril à septembre pendant une quinzaine d’années, au grand dam de ma mère qui s’y ennuyait à mourir. Mon père jardinait. D’abord derrière la maison, puis à la Chatellerie près de Briqueville où il avait acheté un terrain. Ma mère attendait notre arrivée au début du mois de juillet avec impatience.
Sur 500 mètres carrés de terrain, la maison est un 3 pièces très fonctionnel de 80 mètres carrés. Jolie façade avec coins granités, portes fenêtres au sud, l’ensemble est assez coquet. Ajoutons à cela un petit garage et des combles aménageables ; l’ensemble constitue une maison très vivable.
Le premier été a vu passer une kyrielle de jeunes et moins jeunes, alignés en rang d’oignon dans les combles, en un véritable dortoir. C’était aussi la réserve des lots des concours du club. Toute cette joyeuse troupe a ardemment pillé le trésor. Je n’étais pas dupe, mais n’ai rien dit ; ils n’ont jamais exagéré.
Mais il fallait améliorer. Nicolle et moi avons décidé d’isoler thermiquement le grenier, puis dans les années 1990, d’en faire 2 chambres et une grande pièce, un cabinet de toilette et WC. La surface habitable est ainsi doublée. Cette opération a couté un peu plus que la moitié du coût initial de la maison, mais ça vaut la peine. Naturellement, nous avons assumés seuls le financement de l’agrandissement. Sachant que maintenant Saint Martin peut valoir 20 fois plus que le prix de départ, sans tenir compte de l’inflation, l’opération purement financière fut un bon placement.
La maison aura vu passer beaucoup de monde en 40 années. Bien sûr, mes parents, mais aussi Jacques et Ginette, mon frère et sa femme, qui aimaient y séjourner le mois de juillet.
Hervé y a vécu l'enfance puis l'adolescence avec la bande de copains.
Pierrot Boubet, mon beau-frère, aimait beaucoup cette région et son golf. Ses enfants, ses petits enfants aussi. Beaucoup d’autres amis de passage, les Chavagnac, Jocelyne Bérille, notre première belle-fille ; nos petits-enfants Jonathan puis Erwan et Thomas ont gouté les joies de ce bord de mer simple, écolo, pas trop en vogue. La région typique de dunes, belles, sauvage, a gardé son caractère « rétro », attractif. Finalement, c’est le « bon choix ».
Beaucoup de fêtes ont pu tenir séance dans ce « home» simple et accueillant. Nouvel an, bicentenaire de la Révolution, ma retraite, et bien d’autres joyeuses occasions arrosées dans la bonne humeur. Sébastien Gauchet, notre petit neveu, dit que cette maison a une âme. C’est gentil, flatteur, mais un peu vrai, une petite réussite.
Nicolle y a lancé la fête des voisins qui fait école.
Malheureusement, après le flux, le reflux. Nous vieillissons ; l’âge et les disparitions qui touchent notre génération font que, comme nous, la maison vieillit. Mais je ne suis pas encore prêt de m’en séparer car c’est encore aujourd’hui un havre de paix, d’amitié, de changement.
45. Juillet 1974, on a perdu Richard.
Sommaire
Marie-Lou, la sœur de Nicolle est en vacances rue des Goelands avec ses enfants, Marie-Christine et Richard.
Nous sommes dans une triste matinée d’été où il ne fait pas bon mettre un normand dehors : ciel plombé, vent assez fort du sud-ouest, des giboulées, des éclaircies, un résumé des mauvais jours de cette côte du Cotentin. Comme il se doit, j’ouvre le club de plage de Saint-Martin-De-Bréhal. Les enfants de la maison : mon fils Hervé, Marie-Christine et le benjamin Richard, mes neveux et nièces, rejoignent la plage.
On recherche Richard Boubet |
Vers 10 heures 30, la pluie nous oblige à nous réfugier au « garage », à 100 mètres du club. C’est une grande pièce sombre, humide, où nous entreposons les lots de nos concours l’été, et le matériel de plage l’hiver. En fin de matinée, la pluie se calme enfin, nous sortons et retournons sur le sable. Vers midi, tout le monde regagne ses pénates. Nous fermons la cabine et rentrons. Arrivés rue des Goélands, Richard qui a 7 ans manque à l’appel. Je ne vous raconte pas (ou plutôt si, je vous raconte) l’inquiétude de tout le monde et surtout celle de Marie-Lou imaginant l’enlèvement de son petit trésor blondinet. On retourne à la plage, sous la pluie, pas de Richard. Là, ça commence à bouillir dans les têtes. Le plan « alerte enlèvement » est lancé au niveau local, bien avant qu’il n’existe. On cherche dans tout le village, on s’arrête chez les propriétaires d’un cirque, installés place Monaco, au centre de Saint Martin. Très gentiment, ces gens du voyage utilisent leur voiture de parade et patrouillent dans les rues en donnant le signalement de Richard, notre petit blondinet, avec leur haut-parleur.
Pierre Bouchez, frère ainé d’une de nos clientes, qui nous aide dans notre recherche a une idée. On retourne au garage. On frappe à la porte, un bruit se fait entendre à l’intérieur. C’est Richard qui, sans le vouloir, s’est laissé enfermer, peut-être même était-il endormi ; sortant de sa torpeur, il apparait comme le messie, à la porte.
Quel soulagement ! Je crois que Richard raconterait mieux ses réactions. Dans ma vie, je n’ai jamais cessé de compter les enfants. Malheureusement ce jour-là a fait exception !!
Une chose est cependant certaine, il ne serait pas mort de faim dans le garage avec tous les bonbons, chocolats, gâteaux qui servent des lots aux concours de l’année !
Un beau dimanche de printemps se prépare, plein d’espoir, l’AS Fontenay va participer à une compétition Rueil-Malmaison. J’ai changé de voiture, la verte ayant rendu l’âme, nous avons maintenant une Renault 16 bleu marine. Je me prépare à amener au rendez-vous place de l’Eglise à Fontenay le bataillon de Chatenaysiens de l’équipe : Hervé, Marius Chavagnac et Gérard Gomez. Nous sommes un peu en retard. L’avenue Roger Salengro à Chatenay est fermée à la circulation, mais ça passe, car les travaux d’amélioration sont terminés depuis belle-lurette ; je décide de l’emprunter pour gagner du temps. Arrivée à un carrefour, non loin de chez nous aujourd’hui, une voiture arrive sur notre droite. Toujours est-il que apparemment, personne ne freinant, c’est l’impact. Et de ma faute ! La R16 a l’avant écrasé, la 203, un vrai char d’assaut, est peu endommagée. Mais à l’intérieur des voitures c’est le contraire ! Bien que le port des ceintures ne soit pas obligatoire – nous ne les portions pas - ; nous n’avons pratiquement rien. Mais la conductrice de l’autre véhicule est évanouie. Je dis à Hervé et Marius d’aller au rendez-vous, Gérard, un peu touché à la tête, reste. Une petit quart d’heure se passe, et prévenus par je ne sais qui, la police et une ambulance arrivent ; contrôles, soins pour la dame, Gérard et moi sommes emmenés dans le « panier à salade », la dame dans l’ambulance, tous à l’hôpital Antoine Béclère de Clamart. Là, les urgences nous accueillent. Gérard n’a rien, moi je suis touché au visage, ayant cassé mes lunettes sur le rétroviseur. Je serai bon pour des coupures autour de l’œil et au menton et un gros hématome péri-orbitaire pendant 8 jours. La dame, choquée, n’a pas de fracture à la tête, mais la jambe cassée.
Nicolle prévenue, elle s’organise. Avec l’aide de René Thévenart, elle fait transférer la voiture à la casse. De mon coté, tout est fini vers 15 heures. La dame reste à l’hôpital et j’en suis très inquiet. Je cherche à appeler sa famille pour avoir des nouvelles, mais je sens qu’il vaut mieux ne pas insister.
Quand au résultat de la compétition : mystère ? et peu importe.
Heureusement que la MAIF est une bonne assurance. Je n’ai même pas été convoqué au tribunal, ni même inquiété ! Je le méritais bien portant.
Nous n’avons plus qu’à changer de voiture, nous revenons à la solidité avec une 504.
La leçon à tirer de ceci est qu’il vaut mieux prendre son temps en tout.
Notre groupe de ski, SERAC 3, avait trouvé sa vitesse de croisière. Nous avions à chaque séjour, une cinquantaine de jeunes de 8 à 16 ans, encadrés par les Dupont, les Guinegagne et Jean Touron. Depuis 3 à 4 ans, nous logions à Vallouise, à « La Plaine Fleurie », dans 2 annexes, les Queyrettes et la Pendine, chez les Morand, des hôteliers sympathiques, faciles à vivre. Nous skiions à Puy-Saont-Vincent, station de moyen standing mais de bonne qualité. Nous étions épaulés par 2 ou 3 moniteurs de très bon niveau à ski : Christian Nivert, Patrick Bernardi et Serge Bernstein.
Jean Touron avait, cette année-là, la fibre « rigolarde ».
Un soir, il est environ 10 heures, nous sommes en train de coucher les enfants, les Dupont à la Pendine, Nicolle et moi aux Quérettes ; Nicolle est au 3ème étage, où logent les filles, et moi au second, chez les garçons. Tout-à-coup, j’entends la voix angoissée de Nicolle qui m’appelle. Je monte à l’étage et me retrouve nez à nez avec un affreux bonhomme, un œil crevé, une tête à faire peur surmontée d’une infâme casquette. Il balaie le couloir à 10 heures du soir. Je lui demande un peu brusquement ce qu’il fait là. Au même moment, je remarque ses mains et reconnait celles de Jean. Franche rigolade après l’étonnement, Jean lève l’affreux masque et nous dit « Maintenant, on va voir les Dupont ». D’accord ! je suis le mouvement. Nous descendons l’escalier et arrivons devant l’hôtel. A ce moment-là, une femme descend d’une voiture. Jean, masqué, la poursuit, brandissant son balai. Celle-ci, affolée, fait le tour de sa voiture et s’enfuit. Ce n’est pas fini. Christian Nivert et Patrick Bernardi qui avaient la soirée libre, rentrent de leur sortie. Jean saute sur l’occasion, les menace de son balai et les poursuit. Les 2 larrons, surpris, s’enfuient par un petit chemin rejoignant l’hôtel. Jean déchaîné, les bombarde à coup de bûches de bois. Ils nous reconnaissent et reviennent avec nous. Enfin, pour clore la plaisanterie, nous allons tous les 4 à la Pendine taper aux carreaux des Dupont. Raoul se barricade et s’arme d’un gourdin. Nous arrêtons la plaisanterie et finissons devant un joyeux pot au bar. Vraiment, je crois que je n'ai jamais autant ri que ce jour-là. Le lendemain, au petit déjeuner, nous demandons à Raoul si la soirée a été calme à la Pendine. Il nous dit qu'il avait été importuné par une espèce de clochard. La rigolade reprend quand nous l'informons de l'identité de son visiteur.
Jean, avec son côté autoritaire du genre "suivez-moi et battez-vous", avait une caractère très drôle et culotté ! On peut dire qu'avec lui, on ne s'est jamais ennuyé. Je crois que je n'ai jamais connu un homme aussi marrant, gai et "pince sans rire".
Hervé avait passé son bac scientifique en juin 1977, ayant bénéficié de 2 mois de cours de maths supplémentaires, probablement non nuisibles. Il s’était inscrit à la rentrée en fac de médecine à Orsay, dépendante du CHU de Kremlin-Bicêtre. Il continue à pratiquer avec pas mal de bonheur l’athlétisme au sein de l’ASF tant au triple saut qu’aux épreuves combinées. Là, il fait la rencontre d’une très jolie jeune fille au caractère bien affirmé, comme ses coéquipières d’un bon 4x100 mètres de niveau national. Leur fréquentation s’affirme.
Enfin arrivent les partielles de février de la faculté de médecine. Jocelyne annonce, très contente, qu’Hervé a fait un « malheur » à ces examens. C’est en effet à ma surprise ébahie car je pensais qu’il ne travaillait pas assez et, mon pessimisme aidant, je le voyais mal parti. Il est très bien placé dans ce concours qui élimine à la fin de l’année les 9/10 des candidats. Il se trouve dans les 30 premiers sur 1200 prétendants. Aux dires de Jocelyne, l’affaire semble dans le sac, d’autant que l’avance sur la « barre » est conséquente.
Pour moi, c’est une grosse bonne surprise et une très bonne nouvelle. Il travaillait surement plus que je ne le croyais et sa mémoire, peu commune, a certainement fait le reste. En tous cas, quel soulagement pour des parents que d’être à peu près assurés que des études aussi difficiles aboutiront probablement.
L’idylle entre les 2 tourtereaux se transformera heureusement en un couple de médecins puisqu’ils réussiront tous 2 ces études longues et ardues. Bravo !
Nous sommes amenés à connaître et apprécier les parents de Jocelyne, André et Rosette Bérille qui subiront le deuil cruel de Véronique, jeune sœur de Jocelyne, dans des circonstances dramatiques. Ils ne s’en remettront pas.
49. 20 avril 1985, naissance de Jonathan.
Le 20 avril est la date anniversaire de la naissance de l'abominable Adolphe Hitler. Heureusement, pour nous, cette date est à marquer d'une pierre blanche pour une autre raison : Jocelyne met au monde notre premier petit-fils. La maman et l'enfant vont bien. Ses parents le baptisent Jonathan. C'est un charmant bambin de 7 livres qui nous pousse dans la génération des grands-parents, Nicolle a 46 ans et moi 47. On peut considérer que nous sommes de jeunes Papy et Mamy. Je revois encore ma mère, à Saint Martin, ayant sur ses genoux ses 2 arrière petits-enfants : Sébastien Gauchet et Jonathan Guinegagne âgés respectivement de 16 et 3 mois.
Mon père serait aux anges : un garçon sauvera son nom et la lignée grâce à la loi salique... Je plaisante !
Jona en 1988 |
Ce petit bonhomme poussera bien, s'avérera très éveillé et bavard très tôt, à tel point qu'à la crèche de Châtillon, une employée le baptisera du sobriquet de "perroquet". Nous nous ferons un plaisir, de même que Rosette et André Bérille, d'aller le chercher à cette crèche quand ses parents, très occupés par leurs études, ne pourront aller le recueillir.
Je me rappelle encore qu'il tapait sur son"copain le chauffe-eau" qui s'allumait tout le temps, qu'il faisait tourner la broche du four de Nicolle avec plaisir. Il découvrait le monde avec des livres d'images reconnaissant les objets, les animaux et notamment le scarabée. Il semblait très éveillé.
Ce petit coquin a fait perdre une année d'études à sa maman. Mais quel bonheur pour tous !
50. Juillet 1993, voyage à Legoland.
La 205 GTI |
Hervé avait organisé pour Jonathan un voyage à Legoland, au centre du Danemark. Nous partons donc tous les 3 avec la petite bombe qu'il avait à l'époque, une Peugeot 205 GTI. Direction nord-est. Nous arrivons en Allemagne et empruntons cette autoroute sud-nord venant probablement de Stuttgart en direction de Hambourg. Les vieilles structures autoroutières allemandes sont fatiguées. En milieu d'après-midi nous essuyons un très fort orage réduisant la visibilité à 50 mètres. Ajoutons à cela des travaux dans la région de la Ruhr, c'est la galère : une voie pleine de camions, l'autre encombrée de voitures, tout cela nous fait prendre un retard important. Nous arrivons à Hambourg en soirée. On a tout juste aperçu les canaux de grande dimension, le port important et quelques façades typiques du nord de l'Europe. Nous faisons donc étape en pleine nuit, en Allemagne, au nord d'Hambourg.
Le lendemain matin, nous passons au Danemark. C'est un petit pays et nous arrivons vite à destination. Hervé nous dégotte un motel où nous passons quelques instants, puis nous partons pour Legoland.
C'est un parc d'attraction type Disneyland en plus petit. Nous sommes complètement dépaysés. Cette journée, on croise au maximum 2 familles françaises. Et Jona nous entraîne dans ce paradis du lego. Des monuments en réduction, un magnifiques train, des machines ont été construites en briques Lego. Nous faisons la queue à quelques attractions et empruntons un classique train des mineurs et la descente d'une cascade... Mais le clou est que Jona veut expérimenter un magnifique circuit en pleine nature avec des petites voitures électriques conduites par des enfants portant le drapeau de leur nationalité. Elles circulent au milieu de croisements, feux rouges, passages à niveau, ponts, etc. C'est le rêve. Dans ce tour qui dure environs une demi-heure, Jonathan est le seul français avec 1 ou 2 belges, pas mal d'allemands et, bien sûr, beaucoup de scandinaves. Il est aux anges, à tel point qu'il demande à Hervé un autre tour. Pour l'après-midi en cours, ce n'est pas possible et nous réservons pour le lendemain matin. Enfin, il faut quitter ce parc de rêve en passant par le pavillon principal. Là, de grands bacs de Lego où on peut voir des enfants bâtir leurs rêves. Tout cela est très bien fait, rustique, simple, agréable comme peuvent l'être les danois.
Nous sortons et il faut se restaurer. Nous trouvons une pizzeria danoise. On peut dire que nous n'avons jamais mangé une aussi mauvaise pizza : opulente, grasse, trop capiteuse. Nous sommes bien loin de Naples, on les excuse... Nous rentrons ensuite au motel pour une nuit réparatrice. Nous sommes très fatigués.
Le lendemain matin, nous retournons à Legoland où Jona fait avec délice un 2ème tour de conduite. Mais il faut rentrer et, vers 11 heures, nous voilà partis pour le retour Danemark-France via les Pays-Bas et la Belgique. Nous avons confirmation que les autoroutes allemandes vieillissent, prenons la vallée du Rhin vers Maastricht, la Belgique et ses autoroutes éclairés et nous entrons en France par l'autoroute du Nord. Et là, j'ai la trouille de ma vie. Hervé est tombé sur un chauffard, un assassin de la route. Celui-ci est vexé d'être dépassé par Hervé, nous poursuit, nous fait une queue de poisson à 130 kilomètres à l'heure. Puis, il passe. Hervé, fou de rage, le poursuit. J'ai peur pour nous 3. J'aperçois le fou arrêté sur un parking, il nous rattrape et envoie une bouteille de boisson dans le pare-brise. J'essaie de calmer la colère d'Hervé, j'y parviens en lui disant de penser à Jona dormant à l'arrière. Enfin, parvenus au péage, nous allons trouver la police à qui nous expliquons ce qui s'est passé. Ils donnent suite sans nous laisser d'espoir. Cela m'est égal, nous sommes tous les 3 entiers et calmés. La suite du voyage se passe sans problème et nous arrivons à Chatenay à 4 heures du matin.
Ca a été un beau et court voyage, dépaysant et plein de péripéties. Je retournerai au Danemark avec Pierrot, dans les îles ; nous en reparlerons.
Encore un bon souvenir.
J'aimais bien mon métier, mais c'était la routine. Les cours, les classes, les élèves, tout cela a défilé pendant de nombreuses années avec beaucoup de bons moments et peu de mauvais. Pour rompre cette monotonie, j'ai organisé des voyages scolaires au ski à Vallouise avec Roland Brousse, Bernard Pernelle, Maurice Frugier et Martine Merle ; j'ai ensuite accepté d'en encadrer quelques autres à l'étranger.
Madame Jacqueline Manach, professeur d'espagnol au collège des Ormeaux a appris que j'étais disponible et que je me débrouillais bien en espagnol. Elle me demande si je peux accompagner ses classes en Castille. Je suis bien sûr d'accord et je vais donc partir avec elle et 2 ou 3 autres professeurs à 4 reprises dans le centre historique de l'Espagne.
Le schéma de ces voyages est toujours sensiblement le même. Entre 40 et 50 élèves de 4ème-3ème et l'encadrement partent en car de Fontenay-Aux-Roses, passent la Bidassoa puis Bilbao, Burgos, Valladolid pour finir après 18-20 heures de car dans une des 2 villes choisies pour séjourner : Avila ou Ségovie. Les élèves et les professeurs logent chez l'habitant ; ils sont, en général, bien reçus et vivent à l'heure espagnole : décalage des horaires le soir de 2 heures environs. Dans l'ensemble, cela se passe bien.
On commence par la visite de ces 2 villes. Avila entourée par ses magnifiques murailles où plane, de son mirador, le mémoire de Sainte Thérèse. A l'époque où nous y sommes, des cigognes s'échappent de leur nid en survolant l'agglomération.
A Ségovie, c'est l'ombre d'Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon, les rois catholiques, qui hante cette première capitale espagnole. Son Alcazar, sa cathédrale, sa "plaza mayor", son aqueduc romain, sa grande rue descendant de l'Alcazar à l'aqueduc forment un vaisseau dont la proue est figurée par les remparts du château royal. Quelle belle ville chargée d'histoire entourée de sierras encore enneigées parfois jusqu'en mai.
Pendant le séjour, nous rendons visite aux villes castillanes qui constituent le coeur historique de l'Espagne.
Salamanque |
Salamanque, ville universitaire par excellence, avec sa cité étudiante dont les mûrs sont couverts de stuc en forme de coquillage où il faut chercher la grenouille pour réussir ses examens et sa très belle "plaza mayor".
Tolède |
Tolède est la plus belle, son Alcazar, sa cathédrale, sa mosquée, ses belles places. Peut-être est-elle un peu commerciale, mais son site enchâssé dans un méandre du Tage est incomparable.
Madrid avec le musée du Prado, la triste Plaza Mayor, la Puerta del Sol, le parc du Retiro ; la Puerta de Alcala est incontournable. Tout cela en fait une capitale que je n’aime pas trop.
Enfin, il y a les sites à ne pas manquer : l’Escorial en mémoire de Philippe II et les tombeaux de rois, La Granja imitant Versailles, en plus petit, Philippe V ayant copié son grand-père, Louis XIV ; la cynique Valle de Los Caidos construite par des prisonniers républicains à la gloire de Franco.
Quelques anecdotes sont venues émailler ces voyages. A Avila, un peu perdu avec 2 élèves, je fais arrêter une voiture de police qui nous prend à bord, et nous conduit sur le bon chemin. Ou encore, un jour, je suis obligé de reconduire quelques élèves qui étaient ennuyés par des gitans sédentaires qui leur cherchaient régulièrement des noises.
A Salamanque, j’ai assisté à un cortège nuptial à la sortie de la cathédrale de l’Université. Le marié était habillé en habit à queue de pie, coiffé d’un haut de forme gris et précédé d’un joueur de fifre et de tambour. C’était très pittoresque. Une autre fois, j’ai dû, avec des collègues, protéger nos élèves de garnements voleurs qui tournaient comme des indiens dans le Far-West autour du groupe pour les dépouiller de leurs sacs.
A Ségovie, je logeais en face de la caserne de chars qui faisaient tourner leurs moteurs tous les matins et me réveillaient. J’ai encore dû reconduire des filles, en haut de l’aqueduc, au domicile où elles logeaient car elles étaient importunées par des hommes un peu louches.
Enfin à Madrid, et ce n’est pas un bon souvenir, le groupe était cette fois très disparate : une très bonne classe (musicale) qui ne posait aucun problème et une classe plus faible dont 5 ou 6 éléments semblaient avoir ce fait ce voyage pour nous « enquiquiner ». Jacqueline Manach décide une visite du Prado. Connaissant la mentalité de certains, je lui suggère de ne n’emmener que les volontaires, je conduirai les autres à la Puerta Del Sol où il y a des boites de jeux, informatique, etc. Elle est d’accord ; je prends le métro avec la quinzaine de récalcitrants. Ils avaient tous un ticket en poche, bien sûr. Et, tout naturellement, une fille saute le tourniquet, ce qui provoque la protestation véhémente d’un employé, à juste titre d’ailleurs. Bien entendu, j’empêche les autres d’en faire autant. Et voilà que l’imbécile sauteuse de barrière revient en arrière et repasse le portillon. Je lui dis « tu étais passée… alors, que cherches-tu ? », elle me rétorque qu’elle voulait être solidaire des autres. Il y a eu encore 2 ou 3 incidents qui nous ont fait regretter de les avoir comptés dans l’effectif.
Enfin, tous ces voyages on bien cassé la monotonie du métier de prof.
52. Août 1997, ma retraite.
Pour les 2 dernières années de ma carrière, j’avais l’opportunité de travailler à mi-temps tout en touchant 80% de mon salaire, ce qui réduisait mes heures de cours de 20 à 10. J’ai choisi cette possibilité. De plus, Roland Brousse bâtissait les emplois du temps au collège des Ormeaux ; il avait construit le mien de telle façon que je commençais à travailler le mardi matin pour finir le jeudi midi. Le CISS m’occupait le mercredi toute la journée. Ma semaine commençait donc le mardi matin et se terminait le jeudi midi. C’était idéal. Après tout, autant jouir de la vie tant qu’il est temps.
Arrive juin 1997, et là, je prends ma retraite. Celle-ci s’est trouvée améliorée par le passage de Lionel Jospin au ministère de l’éducation nationale qui avait crée l’échelon hors-classe et amélioré notre condition de 8 à 10 %. Donc, je pouvais partir avec une pension décente.
Je décidais, de plus, d’abandonner toute fonction annexe rémunérée à compter du 1er septembre.
A la fin juin, comme c’est la coutume, les 3 ou 4 retraités de l’année sont fêtés au collège, sans excès. Maurice Frugier et moi faisons partie de la « promotion ». A ce propos, le département nous a offert un livre de photos débiles où on montrait les coins les plus moches du 92. J’ai dit à notre Principale, très étonnée qu’on se « foutait » de nous. Pour commémorer cet évènement, Geneviève et Maurice Frugier avaient invité des amis pour un repas convivial et délicieux : ils avaient le secret et l’habitude de combler leurs hôtes.
Ce premier été de vacances éternelles se passe à Saint Martin, et, pour le 24 août, Nicolle et moi convions nos 2 familles à une fête en l’honneur de ma soixantaine. Les Guinegagne sont au complet : mes 2 petits enfants, car Erwan, le blondinet est né depuis 2 ans, ses parents, Hervé et Patricia, Jonathan, mon frère Jacques et ma sœur Françoise et leurs conjoints, Ginette et Jacques, Ma nièce Annie et Jean-Paul, son mari, leurs enfants Sébastien et Sandrine. Chez les Coail, les Boubet sont là, réunis derrière Pierrot, Marie-Christine, la nièce de Nicolle et sa fille Juliette. Les Cousins de Nicolle, les Suet sont de la partie : Jean et Nicole, Théo et Thérèse et les amis Marius, Marie-Jo et leurs enfants, Rosalie et Gladys.
Une bonne fête, légèrement troublée par une puérile histoire de photos, est organisée autour d’un gâteau à 6 bougies. Je revois le parchemin concocté par Jona pour commémorer cet évènement fort arrosé dans tous les sens du terme.
Enfin, il faut entrer dans la vie d’ancêtre pour le meilleur et pour le pire et jusqu’à présent les 14 ans qui ont suivi se sont avérés heureux bien que ternis par la perte d’êtres chers.
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En 1992, Patricia et Hervé avaient investi avec flair, en achetant judicieusement et au bon moment un pavillon à Achères-la-Forêt. Ils confirmeront ces qualités dans l’achat opportun de studios à Montmartre : des fourmis. Mon père, s’il avait pu constater cette réussite, aurait été ravi de leur sens pratique et leur esprit d’entreprise.
Erwan est né en plein au milieu d’un hiver enneigé, le 6 janvier 1995 et Thomas aux prémices de l’été, le 12 juin 1998. Voilà donc 2 garçons qui viennent allonger la liste des Guinegagne et nous rendre, Nicolle et moi, grands-parents pour la 3e fois. Jonathan a maintenant 2 petits frères, qu’il affectionne.
Nous reparlerons des 2 petits après.
Patricia et Hervé décident de s’unir pour le meilleur et pour le pire le 9/9/1999. Nous voici réunis ce jour à la mairie de ce gentil petit bourg rural de Seine et Marne pour assister à cette simple et agréable cérémonie avec la proche famille de chacun des mariés. Je revois encore Erwan et Thomas vêtus d’une belle chemise blanche serrée au col par un petit cordon noir. Thomas est allé jouer dans le jardin de la mairie, ses 15 mois n’avaient pas la patience d’attendre jusqu’au OUI solennel. Puis un repas unit les invités de ce jour dans le pavillon Achérois. Hervé et Patricia doubleront, le samedi suivant, l’invitation en beaucoup plus étendue.
Et maintenant, présentons les garçons. Je me souviens, à Essert-Romans, en séjour de ski près de Morzine, alors qu’Erwan était le seul enfant du couple, d’avoir été réveillé au mot de « N’tété » ; c’était un matin, où, descendant de sa chambre dans les bras de sa mamy Momo, mère de Patricia ; il réclamait sa tétine. Ensuite, au cours d’un autre séjour, je me rappelle de Thomas qui, à la suite d’une grosse chute de neige, découvrait à 2 ou 3 ans, émerveillé, ce tapis immaculé et se roulait voluptueusement dans cette couche cotonneuse toute nouvelle pour lui. D’ailleurs, ce tapis encombrant sur la route nous avait prouvé l’esprit pratique de Patricia, à Hervé et à moi, devant notre incurie à installer les chaînes sur la voiture, que Patricia a dépannée en 2 temps 3 mouvements.
Erwan |
Une autre fois, Nicolle et moi emmenions Erwan seul avec nous à Saint Martin. Le pauvre nous a montré son anxiété en étant malade à Chatenay et a retardé notre départ d’une journée car il était, pour la première fois, en vacances avec nous, séparé de ses parents. C’est un gentil garçon, doux, anxieux, nerveux au possible. Plus tard, il se révèlera être un grand « accro » de l’informatique.
Thomas |
Thomas est, lui, en apparence plus décontracté que son frère ; il est sérieux, réfléchi, plus social. Un jour à Saint Martin, lors d’un tour de vélo où je l’emmenais accompagné de sa cousine Naomi, il a battu son record de kilomètres parcourus : 25. Mais le retour a été émaillé d’un bris de chaîne. Heureusement, un cycliste sympathique et bien équipé nous a dépannés. Quelle chance ! Il restait 6 kilomètres qu’on aurait dû faire à pied.
Ces petites anecdotes m’ont permis en quelques lignes de faire la présentation de nos 2 deniers petits Guinegagne à qui nous souhaitons tout le bonheur possible pour la suite de leur chemin.
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New-York, les World Trade Center sont encore debout ! |
Jocelyne devait présenter un médicament à une conférence à New-York.
Elle décide d’emmener Jonathan et propose à Nicolle d’accompagner son petit-fils pendant ce séjour. Naturellement, elle n’est pas d’accord et Jocelyne choisit son remplaçant : moi. Je suis ravi, je vais passer 4 jours dans la ville que j’ai rêvé de voir depuis que je suis enfant. Pour nous, l’Amérique, c’était le summum de la civilisation, les buildings, le cinéma, les voitures.
Nous embarquons à Roissy à 14:30 et arrivons à Kennedy, l’aéroport de New-York, à 15 :30, le voyage ne dure pas une heure, mais le décalage horaire brouille les pistes. Je voyage en classe affaire, très cool. Jocelyne est restée avec Jona en « bétaillère ».
À la descente d'avion, un cerbère femelle nous range entre 2 lignes continues avec interdiction d'y poser le pied. La brutalité en moins, on se serait cru à un embarquement pour le camp de Drancy. puis, nous passons au guichet de l'immigration. Un employé, aimable comme une porte de prison, tamponne nos passeports. Nous sommes en règle, nous sommes sauvés !
Time Square |
Un taxi haut de gamme conduit par un russe parlant français nous attend à l’aéroport de New-York et nous amène à l’hôtel, 47ème rue et entre la 7ème et 8ème avenue. Nous sommes accueillis en français par un algérien. Notre chambre est correcte, elle est située près de Broadway. On s’installe et je vais faire tour à Time Square ; c’est grandiose ; c’est le cœur de Manhattan.
Le soir, nous dinons au Marini, un restaurant qui tourne et nous dévoile NewYork sous tous les angles.
Le lendemain, un jeudi, c’est le réveil sous une chute de neige qui durera au moins 10 heures. Dans la rue, c’est la première fois que je vois des gens se rendre à leur travail avec leur gobelet de café à la main, le portant de temps en temps à la bouche pour avaler une gorgée de café très léger. Ce doit être la vie à « l’américaine ». Jona, Jocelyne et moi faisons une grande balade à pied dans les 5ème, 6ème et 7ème avenues. On y voit la cathédrale Saint Patrick dont la hauteur des tours rivalise avec les gratte-ciels alentours : le Rockefeller Center, les grands hôtels, le Hilton : c’est le quartier chic de Manhattan. L’après-midi, Jocelyne a prévu un tour de New-York en car pour Jona et moi.
Saint Patrick |
Nous attendons ce Greyhound à la gare centrale. Alors là, ce n’est pas le luxe ! La salle d’attente est encombrée de clochards et de pauvres gens allumés par l’alcool ou d’autres ingrédients, cherchant un abri contre les intempéries. Comme quoi l’Amérique n’a pas que des cotés dorés.
Nous partons, ce tour en car est intéressant malgré un guide obtus, peu délicat qui se moque de notre faiblesse en anglais. Il n’y a que des australiens avec nous à bord. Le temps, toujours aussi exécrable, gâte ce tour. Malgré tout, nous avons un bon aperçu de Manhattan, Greenwich village, Brooklyn, les 2 ponts… Il neige tant, qu’arrivé à la baie, on ne discerne même pas la statue de la Liberté. La fluidité de la circulation automobile me surprend, et ce, malgré les conditions atmosphériques. Ceci est probablement dû à la généralisation des rues à sens unique. Paris devrait méditer ceci. Le retour par Broadway nous amène au repas du soir et au repos bien mérité.
Le vendredi matin, on déménage vers l’hôtel Hilton, lieu de la conférence de Rhone-Poullenc, le laboratoire où travaille Jocelyne. C’est le grand luxe avec voituriers à sifflets, bagagistes, concierges aux uniformes impeccables. Ce n’est pas mon monde, mais je ne regrette pas de le connaitre.
Jocelyne a sa matinée libre d’activités professionnelles, elle nous emmène en taxi le long de l’Hudson à Battery Park, où on embarque pour la statue de la Liberté. Il fait un froid de canard, nous restons sur le bateau. Le spectacle me fait monter les larmes aux yeux. Quelle émotion ! La statue, la vue de New-York, mon rêve se réalise. Quel bonheur, malgré ce froid polaire : il fait -10°c ! Un groupe d’asiatiques en veston-chemise descend sur Ellis Island, jadis lieu obligatoire de passage des immigrants. Quel courage ! Quelle inconscience !
Au retour, nous montons au sommet des Twin Towers, les World Trade center, plus hautes que la tour Eiffel. C’est impressionnant. De la galerie aménagée à cet effet, la vue plonge sur New-York plus de 300 mètres plus bas à la verticale. Quand on pense que 18 mois plus tard, des terroristes échapperont aux cerbères des aéroports et réussiront à les détruire avec des avions civils transformés en kamikaze, on se dit que les précautions sont bien vaines.
Temple de Dendur au 'Met' |
Puis, on visite à pied le quartier financier, siège de Wall Street, en passant par la mairie après Battery Bay. Jona se fait mordre par un écureuil féroce. On dîne dans un petit restaurant très bon marché, servis par une fille coiffée d’un calot, comme on en voit dans les séries télévisées. On rentre à l’hôtel. Jona est crevé. Je vais alors au Metropolitain Museum avec une collègue de Jocelyne, qui, coïncidence, est la femme de Phuck Pham Tram, un de mes anciens élève de l’école de parc, le monde est petit ! Dans le musée, ce qui m’a le plus intéressé, c’est l’exposition sur l’Egypte avec le temple de Dendur, sauvé de la montée des eaux du barrage d’Assouan et acheté à prix d’or pour être démonté puis remonté pièce par pièce dans le « MET » lui-même ! Et en plus, en respectant l’environnement original : au centre d’une pièce d’eau avec des personnages, des bateaux, etc. Le tout, trouvé dans les tombes égyptiennes.
Par contre, la galerie de portraits m’a semblé de qualité très moyenne et naïve, mais ce n’est que mon avis de profane.
Le soir, nous dinons dans un T-Bone de bonne qualité. Là, Jocelyne intervient à juste titre vis-à-vis d’une collègue dont le conjoint exagérait et poussait à la dépense. Bien vu, bien joué !
Les 2 ponts |
Le lendemain, c’est la conférence. Jona et moi partons par un très beau temps, marchant sur un tapis de neige avec comme objectif l’ONU. Ca n’a rien d’exceptionnel. On rejoint ensuite l’Empire State Building au sommet duquel nous montons. Après un parcours en métro, nous cherchons le quartier de « little Italy » sans succès : il est complètement noyé par le quartier chinois, la saleté est de rigueur : papiers gras par terre, laveries douteuses, marchands de poissons malodorants. Enfin, dans la seule rue Italienne, on trouve un restaurant où je me sers de mon espagnol pour commander un repas.
Il faut bien rentrer, on revient en taxi ; Jona souhaitait retourner au Marini, le restaurant tournant. Nous y buvons un verre et nous regagnons l’hôtel.
Jocelyne s’est débrouillée pour nous faire repartir à Newark, autre aéroport de New-York, le trajet se fera en limousine, s’il vous plait ! Le voyage retour s’effectue sur Continental Airlines associé à Air France. Le service y est nul.
J’ai donc passé 4 jours inoubliables. La communion sans faille avec Jonathan m’a beaucoup touché. Jocelyne a fait à son fils et à moi-même un cadeau de premier choix. Je suis fatigué mais heureux. J’ai beaucoup apprécié Manhattan et ses différents quartiers. Par contre, je ne peux pas dire que les Américains et leur mode de vie m’aient enthousiasmé. Je les crois prétentieux, froids, stricts, stressés. Je n’ai pas vu beaucoup de braves gens. A leur décharge, je dirai que je n’ai fait que survoler cette société.
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Chaque année, nous organisions des sorties d’une semaine en vélo. La première, avec Daniel Cadiou et son équipe, dans une région généralement escarpée, jolie. Nous étions allés dans les Ardennes belges, près de Namur, non loin des lieux de l’offensive allemande de 1940 et de leur reflux en 1944.
La deuxième avec Claire Dupont, Raoul Dupont et René Thévenart dans une contrée plus plate, plus calme, souvent moins belle mais plus accessible à mes cuisses défectueuses, surtout quand la route s’élève : le Poitou, en partant de Poitiers ou bien le Futuroscope. Il fait une chaleur torride ; René, en forme moyenne, nous annonce qu’il doit subir à la mi-juillet une petite opération, mais que ce n’est pas grave. Il a quand même souvent mal au bas du dos. Il pense, et tout le monde le suit, que c’est articulaire. Le séjour se déroule avec les visites habituelles d’églises, de monastères, de châteaux ; les kilomètres s’égrainent. Nous consacrons une après-midi à Poitiers, ville des reines : Radegonde, et Aliénor d’Aquitaine, 2 fois reine, dont Poitiers était capitale. La cathédrale, le château des Duc d’Aquitaine, le tombeau de sainte Radegonde, qui mérite bien sa sainteté pour avoir été l’épouse d’un sinistre mérovingien, Clothaire 1er. Tout ceci présente un intérêt touristique mais qui ne peut être, en lui-même, le but d’un voyage.
2 petits souvenirs anecdotiques de ce séjour me reviennent. Dans une petite ville où nous faisons un arrêt restaurant, les propriétaires nous offrent des cerises pour la route qui nous rafraîchiront pendant notre parcours vespéral. Une autre fois, cet étourdi de René perd sa clé d’antivol ; il a fallu que Raoul et lui se décarcassent pour trouver un artisan outillé d’une scie performante pour libérer le vélo. René pouvait être distrait. Enfin, après 8 jours sportifs et culturels, nous rentrons.
Quelques jours après, je partais avec Pierrot et Bernard au Danemark.
Au retour, nous allons avec Nicolle voir René à la clinique où il a subi sa « petite » opération. On lui a extrait de la vessie un polype. Je lui dis qu’il n’y a pas à s’inquiéter, ce n’est pas cancéreux. A ce moment-là, je vois Nicole, sa femme, s’éloigner. L’analyse confirmera les craintes de notre amie. Et le calvaire de René va commencer pour une année.
Une thérapie lui est proposée : opération et remplacement de la vessie. Il y adhère. Il est opéré, mais malheureusement aucun geste ne peut être effectué en raison de l’avancement de la maladie. C’est le drame. En plus, un rein est définitivement mort, probablement en rapport avec ses douleurs dorsales lors de l’escapade en vélo. La situation est désespérée. Le sait-il ? Olivier Dupont et Hervé avaient renseigné leurs pères respectifs sur les chances et les délais de survie de notre ami. Nous n’avons plus d’illusion.
Et, après maintes visites dont une à Pirou en août 2005 avec Nicolle et Jonathan, René est au plus mal. La dernière fois que je l’ai vu, c’était à l’hôpital Cochin. Je n’ai pas eu le courage de Raoul d’aller le voir 3 jours avant son décès. Ce jour-là, nous avons perdu un ami de 40 ans, disparu à l’âge de 68 ans – c’est trop tôt ! -. Il était d’une gentillesse, d’une humanité, d’une chaleur digne de tous les éloges.
A ses obsèques, Raoul et moi avons prononcé des paroles qui reflétaient le fond de notre pensée et de notre affection. J’espère que les autres personnes présentes l’ont ressenti. Si tel n’est pas le cas, ce texte en est un autre témoignage.
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Nous préparions l’itinéraire de notre prochaine sortie à vélo dans le Morvan avec les Cadiou, René Thévenart, Raoul et Claire Dupont. Nous sortions d’une période de neige et de froid qui avait duré une dizaine de jours. Je devais partir le 11 mars avec Marius Chavagnac au ski à Chatel. Un contretemps nous retarde d’une semaine.
Le samedi 11 mars, je peux enfin sortir en vélo sur mon petit circuit du bois de Clamart vers le carrefour de l’anémomètre. Je tourne, c’est encore boueux. Au bout du circuit, près de Béclère, je glisse sur une petite plaque de boue et c’est la chute. Elle me semble anodine, mais j’ai plus mal à la cuisse que pour une « bûche » banale. J’ai du mal à me remettre debout. Je pense que ça va passer. Je fais quelques essais, tentant d’enfourcher mon vélo. C’est impossible et la douleur est de plus en plus vive. Un couple me secourt, lui est médecin ; il me palpe, ne peut naturellement conclure, émet des hypothèses, mais appelle un taxi pour que je rentre à Chatenay. Et là, sentant que c’est plus grave que prévu, j’opte pour l’hôpital tout proche. Je remercie mes sauveurs et j’attends les soins aux urgences de Béclère, un mélange de sordide, de douleurs et d’infortune.
Je préviens Nicolle puis je passe à la radio au bout de 2 heures d’attente pour le moins. Diagnostic : fracture du trochanter, autrement dit du col du fémur. Le traitement est simple : je dois subir une intervention avec ostéosynthèse et pose de vis. Grace à l’appui du médecin de garde et au « piston » d’Hervé, je suis placé dans une chambre avec un jeune type qui s’est salement blessé en ouvrant des huitres.
Je suis opéré vers 2 heures du matin. C’est la première intervention chirurgicale que je subis depuis 60 ans. La surprise, c’est l’anesthésie : facile, simple, une piqure et 3 secondes après, je suis KO. Vers 3 heures et demie, je me réveille, assez frais, lucide, presque sans douleur. Quels progrès, quelle différence. Je suis ramené en chambre avec sonde urinaire et tout le « bataclan », mais ça va, mon moral est en hausse. Nicolle est passée samedi soir et Hervé samedi soir et dimanche après-midi. Je me sens en sécurité ; ce qui m’embête le plus, c’est la sonde urinaire.
Le lundi matin, c’est la visite de l’aréopage ; conclusion : il a l’appui, il peut marcher, et le plus tôt sera le mieux. On m’enlève l’instrument de torture urinaire, ouf ! et à midi, on me fait marcher, soit 36 heures après l’intervention : c’est génial.
La suite est simple : rééducation, changement de partenaire de chambre, un tunisien fan d’émissions de télé débiles et d’Algesiras en arabe. J’ai pu constater que cette chaine est d’un bon niveau, mais…. En arabe !
Finalement, ce qui m’incommode le plus, c’est la chaleur insupportable qui règne dans la chambre et certains antalgiques qui me provoquent des nausées.
L’infirmière de nuit est sympathique et change, de sa propre initiative, le traitement. Je crois qu’étant un malade docile et peu encombrant, elle était très bienveillante avec moi. Un autre petit inconvénient, à part les repas au mauvais goût, m’a été causé par une aide-soignante pénible et maniaque de l’ordre, qui m’a reproché de laisser trainer mes affaires. Je l’ai gentiment envoyé promener.
René, miné par la maladie vient me voir, Hervé bien sûr en soirée et Nicolle tous les jours, mais pas plus de 45 minutes à chaque fois, comme je le souhaite.
Enfin, le feu vert arrive et je suis ravi de sortir au bout de 6 jours et de rejoindre mes pénates. Là, à la maison, je vais subir pansements, rééducation, etc. mais je me remets très vite, passant de 2 béquilles à 1, puis à 0 après un mois et demi. Après un contrôle au mois de mai, tout est « clean ». Il me restera tout de même une boiterie qui se manifestera lorsque je passerai du trot au galop. Depuis 7 ans maintenant, je n’ai plus subi d’autres inconvénients. Pourvu que ça dure.
La fatalité, quelquefois, ne nous épargne pas. Imaginons qu’il n’y ait pas eu de retard pour le ski. Peut-être n’aurais-je rien eu, peut-être me serais-je blessé plus gravement au ski. Impossible de le savoir. Dans le fond, tout est mal qui finit bien !
Jonathan finissait sa première année aux Pont et Chaussées par un stage de 3 mois à Munich. Je crois qu’il s’ennuyait un peu. Jocelyne et Hervé, ses parents, décident d’aller le voir et m’emmènent à ce voyage qui se révèlera peu ordinaire.
Le vendredi 9 juin, nous partons de Roissy pour arriver à l’aéroport de Munich à 18.30. Dans l’avion, on nous annonce que l’Allemagne a battu le Costa-Rica sur un score de 4-2. C’est l’ouverture de la coupe du monde de football, et le match a eu lieu à Munich, s’il vous plait ! Dans le RER qui amène à la ville, c’est déjà la liesse. Des Mexicains en ponchos et sombreros, des Ecossais, des Sud-Américains et naturellement des Allemands aux visages peints aux couleurs de la République Fédérale mettent une joyeuse animation sur les quais et dans les rames. C’est très bon enfant, amical et pas trop chauvin.
Nous retrouvons Jona et nous installons dans un hôtel près de chez lui. Puis, après une bonne balade, nous dinons au centre ville. La fête, surchauffée par la victoire de l’Allemagne, continue. La ville est en ébullition ; on peut à peine distinguer les beaux bâtiments du centre. On va boire une bière dans une grande brasserie chauffée à blanc où les « gosiers toboggan » font leur office et enflamment gentiment et sérieusement les esprits. Les drapeaux sont brandis, les chapeaux, les slogans, les sifflets, les éclats de voix, toute cette animation bruyante se révèle sans violence. Quelle différence avec 1998. Il faut bien dire que les Écossais sont présents mais pas les Anglais dont quelques supporters sont des voyous, fauteurs de troubles et de brutalités. Les Allemands font preuve d’esprit sportif, festif, bon enfant, d’autant plus facilement qu’ils ont gagné. Nous rentrons enfin, très fatigués, mais avec l’esprit clair car nous buvons la bière avec modération et pas comme les Germaniques ou les Britanniques qui la consomment « aux litres ».
Neuswanstein |
Le lendemain, Jonathan nous a prévu une bonne virée en voiture en Bavière. Nous descendons plein sud vers l’Autriche, aux pieds des Alpes, voir les délires architecturaux de Louis II. Nous stationnons au bas d’une route goudronnée interdite aux automobiles, réservée aux piétons, vélos et voitures hippomobiles. Nous arrivons en 30 minutes, après avoir gravi un dénivelé de 200 mètres au château de Neuswanstein, un remake de celui de la Belle au Bois Dormant. D’un petit pont rustique, nous avons une vue splendide sur les tours et le corps du bâtiment. Cela ressemble à un immense château médiéval, mais il est quasiment neuf. Nous déjeunons et redescendons. Après un petit tour en limite du Tyrol et une petite incursion en Autriche, nous allons admirer une autre merveille du Roi de Bavière : le petit château campagnard de Linderhof. On sait que Louis II était un peu fou, mais il a laissé de très belles choses. Enfin, par Garmisch-Partenkirchen, on revient à Munich, retrouver la ville en fête. Nous dinons dans une grande brasserie où des Suisses dont l’équipe vient de gagner mènent une sarabande « pas possible », Hip Swiss, hop Swiss engloutissant chope sur chope. Ils sont déchainés. Je leur donne rendez-vous à mardi pour France-Suisse. Ils sont si sûrs d’eux qu’ils me rient au nez. Ils seront bien déçus. L’équipe de France, à laquelle nous ne croyions pas, aura un parcours surprenant en échouant, contre toute attente et de justesse, 15 jours plus tard en finale.
Linderhof |
Nous rentrons gouter un repos réparateur et mérité croisant dans la rue des voitures klaxonnant et arborant des drapeaux des quelques nations participantes.
Enfin le dimanche, Jona nous a prévu une promenade dans le grand parc, le long de l’Ysar. Nous y déjeunons autour d’un kiosque où joue un orchestre bavarois avec grosse musique et folklore paysan, festif, à l’Allemande, très XIXème siècle : charme rétro avec les habitants et les musiciens costumés dans la tenue traditionnelle de Bavière, culotte de cuir et chapeau à plume, c’est assez sympathique.
En fin d’après-midi, de retour en ville, Jonathan téléphone à ses copains qui ont les résultats des concours. Enfin, nous arrivons à la place de l’Hôtel de Ville. Je crois que le Bimillénaire de la ville est célébré devant ce magnifique monument surmonté d’un carillon très coloré. Re-folklore, du monde partout, c’est une grande fête populaire avec discipline toute Germanique.
Mais il faut songer au retour. Nous quittons Jona, content de nous avoir vus, et un peu triste. Puis, c’est le départ pour l’aéroport.
A l’arrivée à Roissy, on emprunte le RER et on met 2 fois plus de temps pour arriver à Antony que pour parcourir Munich-Paris. Des garnements perturbent la circulation. J’ai honte vis-à-vis des étrangers de l’image que nous montrons dans ce train sale, peu sûr, mal famé.
A part ce petit contretemps, nous avons passé 3 jours extraordinaires dans une belle ville pleine d’histoire où tout était réuni : fête, tourisme, folklore, chaleur humaine, et, bien sûr, nous avons pu embrasser notre grand Jonathan. A marquer d’une pierre blanche !
J’attribue le numéro 58 à ces voyages, en les sortant de la chronologie. C’est un chapitre spécial, avec Pierrot, nous avons beaucoup voyagé pendant une dizaine d’années. D’abord à 2, puis à 3, avec Bernard François. Nous avons parcouru beaucoup de villes et capitales d’Europe civilisées et sûres. De plus, nous venons de perdre notre ami « Pierrot » cette année 2012. C’est sa mémoire que j’invite sur ce chapitre. Nous avons tous beaucoup de peine à cause de ce décès trop rapide ; nous l’entourions de notre affection. Nous ne l’oublierons pas.
Dans ces voyages, son esprit d’entreprise, sa connaissance de l’Anglais, son habitude des transports aériens nous ont été très profitables. J’apportais ma collaboration dans l’utilisation des chemins de fer, je le relayais parfois au volant, trop peu souvent à son gré. Je l’aidais et parfois l’influençais dans le choix des destinations. Nous avons formé une équipe soudée, nous laissant des souvenirs inoubliables.
Je ne vais pas énumérer toutes les villes et les monuments que nous avons fréquentés. Tout le monde les connait. Mais je vais les évoquer à l’aide d’anecdotes cuisantes ou agréables dont nous avons été les acteurs ou victimes et qui amèneront un peu d’humour dans cet épisode.
Austerlitz.... ben, non ! |
En 1996, toujours en voiture, nous allons à Budapest. Faisant le plein de carburant à la frontière de la Hongrie, on manque de se faire « posséder » par une pompiste à cause du change. Arrivant à la capitale avec le guide du routard sous le bras, on se rend à l’adresse du correspondant. On tombe sur un vieil immeuble où le guide est aux abonnés absents. Heureusement que Pierrot dégotte une agence qui nous logera chez l’habitant pour le séjour. Raccolés par un restaurateur près de Budapest, on se fait fourguer 2 bouteilles d’un vin de « grande qualité » qui sera la risée de la compagnie quand nous le gouterons. Au retour, nous avons décidé de passer chez Albertine et Pépino, cousins de Nicolle, sur la Côte d’Azur. Nous passons par le lac Balaton, riviera des hongrois, nous nous arrêtons tardivement et précipitamment à Padoue dans un hôtel médiocre où nous sommes dévorés par des moustiques monstrueux. La Côte d’Azur sera la bienvenue pour son climat.
L’année suivante, direction la Pologne, via les Pays-Bas, avec une visite à John et Getty Lohmuller, puis Berlin. Le voyage manque de tourner court à Lens, nous sommes en panne. Ce n’est que la batterie et nous repartons. Après 2 ou 3 jours à Berlin, nous arrivons à Varsovie. Au cours d’une visite au Palais Royal nous suivons un guide polonais et nous ne comprenons rien. Coup de chance, un groupe de tunisiens est accompagné d’un guide parlant français. Ces tunisiens semblent riches et démonstratifs à voir l’or qui pend à leurs poignets et cous. Par contre, pour l’histoire et la culture, c’est autre chose : leur accompagnatrice s’arrête devant la porte d’Hannibal, et, pour leur faire plaisir, leur dit « Vous reconnaissez, c’est chez vous ! », aucune réaction… Après cela, elle s’est occupée beaucoup plus de nous. Un autre jour, on va boire une bière. On nous tend un menu en polonais. Nous prenons la première ligne de la liste et on nous amène 2 magnifiques verres. Je trempe mes lèvres. Horreur ! Elle est presque bouillante. C’est écœurant, je la laisse. Pierrot la boit entière, il voulait gouter ; il a du mal à la digérer. Au retour, en longeant la Vistule en crue et après une étape dans la belle ville de Cracovie, nous passons près d’Auschwitz. Pierrot souhaite s’y arrêter. Je ne veux pas ; ça me fait mal au cœur. Nous revenons par la république tchèque à Ostrawa en Silésie, une ville minière en activité. Je crois que je n’ai jamais vu une grande ville aussi polluée. Enfin, repassant par l’Allemagne, nous faisons halte à Nuremberg. La vieille ville a été très bien reconstruite après les bombardements de la guerre. Pierrot tient à se faire photographier à la tribune d’où Hitler haranguait les Nazis. Voilà un voyage bien rempli.
En 1998, destination Rome et Naples. A Rome, pas de problème ; c’est une ville agréable, vallonnée, pas défigurée par de hautes constructions, et riche d’histoire ! A part ce départ de grand prix couru par les scooters sur 2 rangs à chaque passage de feu vert, nous sommes chez nous. On cherche la Roche Tarpéienne sur le Capitole, derrière la Mairie de Rome. C’est champêtre et escarpé ; de chaque buisson on voit surgir des hommes seuls ou à 2. C’est bizarre ; nous avons conclu que c’était le rendez-vous des Gay de Rome.
Par contre, Naples, ce n’est pas le même charme. C’est, de toutes les villes que nous connaissons, celle où les gens sont le plus désagréables. Il est impossible de traverser certaines rues malgré les feux tricolores. Personne ne respecte l’autre ni la loi. Des marchands de tabac de contrebande s’installent avec des sacs pleins de cigarettes devant les bureaux de tabac en toute impunité. En revenant de Pompéi dans le RER, un couple se prépare son « pétard » et le fume le plus naturellement du monde. Dans le métro, en croisant une autre rame, on nous crache dessus. Quelle hostilité ! Probablement due à la misère ou à l’influence de la Camorra. Pour corser le tout, à notre voyage de retour vers Rome en train, nous sommes victimes d’une grève. Heureusement, nous prenons le dernier convoi qui arrive à destination avec seulement une heure de retard. Pour rejoindre l’aéroport, nous montons dans la 2ème partie d’un train dont ne part que la 1ère. Nous rejoignons donc l’aéroport « Léonard de Vinci » en taxi, et là, grève d’Air France ! Après attente, tergiversations, débrouillardise de Pierrot, on réussit à partir sur un vol d’Al Italia en fin de soirée. Quel retour mouvementé ! La coupe du monde de football a probablement hâté la fin de ces manifestations sociales. Pierrot a pu constater les déboires que créent une grève pour les gens non responsables.
Tram à Lisboa |
En 2001, nous cherchons une destination. Je dis à Pierrot que nous n’avons pas assez profité de Rome et optons pour l’Italie : Rome puis Florence. Ca commence mal ! Je dors la veille du départ chez Pierrot et le lendemain nous sommes pris dans des embouteillages au Bourget. Résultat : je peux prendre l’avion prévu mais Pierrot est refusé à l’embarquement, il avait du garer la voiture. Heureusement que sa débrouillardise et sa connaissance du milieu aéronautique lui permet de prendre un vol 1 heure après, je n’avais même pas l’adresse de notre location. Nous nous retrouvons dans une ville en liesse. L’AS Rome est championne d’Italie et on voit partout des drapeaux ou des maillots grenat et or, les couleurs du club. S’y ajoute une coloration politique car l’AS Rome est plutôt considérée comme socialiste à l’opposé de la Lazio de Rome fascisante (la Mairie de Rome venait de passer à gauche). Notre logeuse nous montrera les chapeaux de supporter de son fils et de son mari, opposés dans leur choix. La rue est en fête, ce qui rajoute du sel à notre séjour. Rome est décidément une ville que j’aime. Nous visitons les thermes de Caracalla, nous sommes pris sous un orage et, pour nous abriter, n’hésitons pas à nous réfugier sous une grotte en piétinant joyeusement des mosaïques bimillénaires. Que de laxisme chez les Italiens.
Florence, Ponte Vecchio |
L’année suivante, nous avons rendez-vous à la gare du nord pour Amsterdam et Bruxelles. A Amsterdam, après un tour le long des canaux et des vitrines de bordels, on se rafraichit dans un bistrot. On voit défiler des bandes de jeunes costumés de rouge et de blanc aux couleurs de l’Ajax. Ils sont pas mal allumés et imbibés. Nous rentrons à l’hôtel, et, à 2 pas de celui-ci, nous tombons sur une zone de guerre : verre cassé, vitrines brisées, réverbères en miette, car de flics et cavaliers. Ca a chauffé ; cette manifestation plutôt gaie a tourné à la bagarre. A un quart d’heure près, nous y étions. Quand on dit que les jeunes français boivent, je crois que ce n’est rien à coté de certains étrangers et notamment les Néerlandais !
Direction Bruxelles. Nous logeons dans le quartier marocain. Aucun problème, c’est encore la fête à cause d’une finale européenne de football. La popularité de Zidane y est invraisemblable. Décidément le football nous suit partout. Nous finissons par la très belle ville de Bruges. Dans le train, on constate le dualisme des Belges ; en effet 20 kilomètres après Bruxelles, les annonces et inscriptions deviennent irrémédiablement en flamand. Ils sont vraiment incorrigibles. Le voyage en Thalys est facile, confortable. Ces belles villes du nord valent le détour.
En 2004, Bernard François, maintenant retraité, se joint à nous. Un taxi affrété par Noa, épouse de Richard Boubet me prend à Chatenay passe par le rue de Crimée et nous mène à Roissy ; cette fois cap au nord pour Copenhague et Stockholm. Les hôtels choisis par Bernard et Pierrot sont cossus dans ces pays aux prix assez élevés. A Helsingor, au Danemark, dans le musée de la marine, Bernard trouve la maquette du bateau sur lequel Pierrot a navigué. Il est tout ému et se fait photographier devant ce vestige de son passé. Quelle surprise. On assiste aussi à la noria des bateaux qui traversent le détroit d’une dizaine de kilomètres entre le Danemark et la Suède. Les suédois viennent faire le plein de bière danoise à Helsingor. Pierrot nous inflige la visite d’une caserne désaffectée à Copenhague. Les danois y ont regroupés leurs hippies, c’est un véritable zoo humain où les résidents y cultivent leur H en toute liberté. Je n’aime pas beaucoup. Ensuite Pierrot consacre la dernière matinée danoise à régulariser sa retraite de marin au long cours, il aura droit à un supplément de pension ; tandis que Bernard et moi nous promenons sous une pluie battante.
Nous embarquons à la gare de Copenhague pour Stockholm ; nous passons en Suède par un grand pont d’environs 10 kilomètres, traversant un bras de mer, qui nous mène à Malmö. Nous ne verrons rien à cause d’un brouillard à couper au couteau.
Les 3 jours que nous passons en Suède sont copieusement arrosés. Pierrot ne manquera pas de nous trainer à la relève de la garde, fanfares et casques à pointe, au Palais Royal Suédois. Je passe sur les visites, mais je cite tout de même celle de l’impressionnant Vasa, vaisseau échoué dans le port de Stockholm. Il faut rentrer. Nous sommes le 12 juillet et ne pouvons partir car l’espace aérien parisien est occupé par l’entrainement de la patrouille de l’air anglaise qui sera présente au défilé du 14 juillet. Nous arrivons à Paris à minuit en ayant subi l’humeur massacrante d’une hôtesse de l’air dérangée dans ses habitudes. Je rentre en taxi affrété par Air France en raison du retard. Il est 2 heures du matin. Le temps n’a pas été de la partie. Nous avons été assez dépaysés avec ces jours très longs sous cette latitude septentrionale.
Notre dernière destination sera la Grèce. En 2005, profitant du lendemain des Jeux Olympiques pour profiter de conditions favorables, nous partons à 3 en avion pour Athènes, puis en voiture pour le Péloponèse. Une agence organise ce périple.
Arrivés à Athènes, nous logeons dans un hôtel près de la Mairie. La grève des éboueurs fait s’entasser les ordures dans les rues, et, en priorité devant l’Hôtel de Ville. Je n’avais jamais vu ça en Europe. Le premier soir, nous essuyons un violent orage ; pour revenir à l’hôtel, Pierrot dégotte un parapluie bon marché très utile.
Au cours de la visite du site olympique déserté, un enfant anglais se fait mordre par un chien errant. C’est le branle-bas de combat pour les secours. C’est dommage de voir un si bel ensemble architectural laissé à l’abandon. Pauvre Grèce ! Au cours d’une visite de l’Acropole, un grand bruit fait tourner toutes les têtes ; ce n’est rien, c’est Pierrot qui éternue. Pauvre Grèce, bis !! La pittoresque relève de la Garde devant le Palais Présidentiel fait partie des habitudes. C’est très solennel, patriotique. Les uniformes et jupettes des soldats sont uniques.
Enfin, comme d’habitude, Bernard a le chic pour découvrir les quartiers branchés et un peu louches. Nous nous y rafraichissons et distrayons au spectacle agréable de cette petite place. Au cours d’une balade dans les îles en bateau, Pierrot est ému par une petite escadre qui présente les armes dans un petit port.
Pour visiter le Péloponèse, nous avions loué une voiture. Un incident émaille notre passage au site de Mycènes : des allemands qui se croient partout chez eux perturbent notre visite. Pierrot se charge de leur rendre la pareille en vociférant de sa voie sonnante. Au volant, je relaie Pierrot, mais décidément, je n’aime pas les boites de vitesses automatiques. Dans une ville du sud de la presqu’île Bernard et Pierrot me demandent de stopper devant un distributeur d’argent. Je les attends, et, m’emmêlant avec le levier de vitesses, je cale. Je n’ai même plus de contact. Des camions me klaxonnent à tour de bras. Heureusement, je retrouve assez vite le système. A Mistra, nous goutons au résiné ; expérience à ne pas renouveler, peu agréable au goût. Enfin à Olympie, du fait du désistement d’un hôtel, nous logeons dans un 4 étoiles avec piscine, jardin, restaurant et chambres de bon niveau. C’est une bonne surprise.
Dans un petit restaurant, je suis interviewé en anglais par un pope qui me demande pourquoi les français ont voté NON à la constitution Européenne. En ‘Globish’, je lui réponds «parce que nous sommes fous ». Il faut rentrer. Ce sera notre dernier voyage commun. Pierrot, saturé de ces déplacements, décide de mettre un point final à ces expériences.
Pourtant en 2010-2011, nous avions le projet d’un petit séjour de 3 ou 4 jours à Londres, par l’Eurostar, dans le but d’aller voir Jonathan, et, bien sûr, la ville. Malheureusement la maladie dont a souffert Pierrot s’est avérée trop grave et s’est compliquée de son décès en début 2012.
Voici donc relatées ces quelques anecdotes qui ont émaillées nos voyages. La visite de ces villes Européennes m’a beaucoup apporté sur les plans culturel et social. A posteriori, je remercie du fond du cœur Pierrot sans qui je n’aurais jamais entrepris ces périples.
40. Je suis dans le groupe 4, le plus faible, en fait je sais à peine faire de la marche à plat avec mes skis, mais qu'ils sont grands ! À l'époque les skis sont en bois et mesurent 20 à 30 cm de plus que le skieur. Le moniteur du groupe, c'est Raoul, j'aime bien Raoul, il est gentil et attentif.
RépondreSupprimerNous prenons le télésiège du plateau et commençons la marche à pied vers un petit téléski. Ces fixations, c'est un enfer, elles n'arrêtent pas de sauter et il faut se pencher en avant pour les refermer. Je suis à l'arrière du groupe et ça saute encore, je ne vois plus qu'une grande fille qui doit bien avoir 12 ans, attends-moi, j'ai des problèmes, mais non, elle continue, ça saute encore, je la remets, et là, je n'ai plus personne du groupe en vue. Où sont-ils, j'avance un peu, mais je ne connais pas du tout l'endroit où je suis. Bon, je dois pouvoir retourner en arrière pour me retrouver dans un endroit connu, le haut de la piste du plateau. Là... Personne, je vais descendre la piste et aller à la benne, il y aura peut-être du monde. Et là bas, rien non plus. Dans les années 60, un enfant de 6-7 ans seul n'inquiète pas grand monde. Je prends la benne pour descendre, personne ne me demande rien, je ne soupçonne même pas qu'on puisse vous demander un forfait.... Et c'est d'ailleurs ce qui se passe.
Sur le parking, les choses se compliquent, où est le car - je n'imaginais pas que ce fut des navettes - que faire. Bon, je connais la route, je mets les spatules sous mon aisselle et je tire les skis plus que je ne les porte.
Une voix m'interrompt, celui-là, il est aussi avec nous ; c'est Jean, il fait arrêter le car, et je monte à l'intérieur, Jean, il parle fort, ça fait peur, mais là, je lui aurais sauté au cou. À trainer les skis comme ça, il n'en resterait plus rien au Petit Dru, ajoute-t-il.
Voila, de mon coté, j'ai vécu cet épisode assez 'relax', Claude et Raoul beaucoup moins, surtout à une époque où il n'y avait pas de téléphone portable.
Pour ce qui est de l'épisode suisse, je me sentais coupable de ne pas réussir à prendre ce téléski. Jean était compréhensif, Claude beaucoup moins. Il m'a ramené sans dire un mot, j'étais triste de ne pas être à la hauteur, c'était mon héros et je lui faisais honte, il réussissait tout et je le gênais par ma faiblesse. Avant de le quitter, je l'ai regardé en souriant, et il m'a retourné mon sourire, j'étais TRÈS heureux, il me pardonnait. J'en pleurerais bien encore 50 ans plus tard.